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Tous les lycéens généraux et technologiques auront un livret scolaire numérique dès 2018, les bacheliers professionnels en 2020. Dans les tuyaux depuis 2014, le « livret scolaire du lycée » (LSL) est généralisé par un arrêté publié le 23 février. Ce nouveau document remplace le livret papier. Il reprend l’essentiel du livret traditionnel. Mais le ministère n’a pas résisté à l’idée d’imposer le changement par le contrôle numérique. Une façon de faire dont l’efficacité est discutable…

Baisser le coût de l’examen

« Outil d’aide à la décision des jurys du baccalauréat, le livret scolaire numérique du lycée facilite l’accès des élèves et de leurs familles aux informations qui les concernent. Il a également pour objectifs d’aider les enseignants dans les taches d’évaluation et d’améliorer la fiabilité de l’ensemble de la procédure. Enfin, il permet une réduction importante des coûts liés à l’achat, à la manutention et au stockage des livrets ». C’est ainsi que la Dgesco présente son projet de dématérialisation du livret scolaire du bac. Après une expérimentation en série ST2S, puis en première dans les séries technologiques et en série L, un nouvel arrêté publié le 23 février annonce sa généralisation.

Le nouveau livret se traduira-t-il par une diminution des coûts ? Effectivement il supprime les frais d’impression. Reste à voir ce que seront les coûts de maintenance d’un fichier monstrueux gardant en mémoire et en sécurité, pour une période strictement encadrée par la CNIL, les compétences de près de 2 millions de jeunes français.

L’engagement des élèves pris en compte

Le nouveau LSL reprend l’essentiel du livret traditionnel. A savoir, une » évaluation chiffrée : pour chaque enseignement suivi en classes de première et terminale, moyennes trimestrielles et annuelles » et une « évaluation des compétences : pour chaque enseignement suivi en classes de première et terminale, niveaux d’acquisition des compétences attendues en référence aux programmes d’enseignement ». On peut penser que celle-ci correspondra aux cases que remplissent déjà les enseignants dans la version papier. Dans l’enseignement professionnel cette évaluation des compétences ne concernera que l’enseignement général.

Mais le LSL apporte aussi des nouveautés. Il prendra en compte  » l’engagement et les responsabilités de l’élève au sein de l’établissement en classes de première et terminale : délégué de classe, délégué au conseil de la vie lycéenne, membre du conseil d’administration, membre du comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté, membre de l’association sportive, autres (artistique, culturel, scientifique, social, sportif) ». Cette mesure avait été demandé par le Conseil national de la vie lycéenne. Elle devrait être saluée positivement par les organisations lycéennes.

Peut-on imposer une pratique pédagogique par un document officiel ?

Le ministère fait entrer le B2i dans le livret scolaire. Il comportera une « mention de la délivrance du brevet informatique et internet « lycée » ». Officiellement le B2i existe dans les lycées depuis… 2003. Un dernier texte l’a rendu obligatoire en 2013. Mais de fait ce dispositif, qui permettrait pourtant une approche collective du numérique en lycée, est très peu appliqué. En 2013, Bruno Devauchelle expliquait ce manque d’intérêt par le fait que le B2i lycée manque de « « retour sur investissement » pour les équipes et les élèves (ce qui va) le mettre en annexe des objectifs du lycée ».

L’entêtement du ministère est d’autant plus surprenant que les derniers textes d’évaluation du collège ne mentionnent plus le B2i. Cela veut-il dire que le B2i va revenir dans les évaluations du collège avec une ultime modification réglementaire ? Ou que le texte du décret a été conçu indépendamment de l’évolution du collège ?

Dans tous les cas, le ministère s’entête à greffer de force, via un document obligatoire, une pratique pédagogique qui n’a pas trouvé place au lycée. On sait ce que cette démarche a donné en collège. On peut penser que le B2i ne trouvera pas place de cette façon non plus au lycée.

Plus d’anonymat à l’examen

Le nouveau LSL aura l’avantage et l’inconvénient d’être totalement anonyme lors des délibérés du jury du bac. Jusque là l’élève était situé dans un établissement quand il y avait lecture du livret. Le jury prenait en compte le type d’établissement et le nombre d’avis donnés par l’établissement. Cette dernière mention n’apparait pas dans le descriptif du fichier. Il y a bien sur l’avis donné par l’équipe pédagogique et le chef d’établissement mais pas de champ pour les nombre d’avis.

Cette modification sera favorable aux candidats. Mais elle pourra aussi pousser les établissements à multiplier les avis favorables sans crainte que cela joue contre le candidat. Elle défavorisera les établissements les plus scrupuleux.

Le nouveau livret sera mis en place progressivement. A compter de la session 2016 pour la série St2S et dans els académies de Grenoble, Besançon, Rouen et Toulouse en séries StD2A, STI2D, STL et STMG. A la session 2017 suivront les séries technologiques et L dans toutes les académies. Les séries Es et S seront mises en place dans les académies de Besançon, Reims, Rouen et Toulouse. En 2018, le LSL sera appliqué dans toutes les académies en S et ES ainsi qu’en STHR. En 2020 il sera déployé dans les lycées professionels.

François Jarraud

L’arrêté

La délibération de la CNIL

Le nouveau livret scolaire numérique arrive au lycée

Ce qu’en dit la Dgesco

Sur le B2i lycée

Sur le site du Café