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Le 28 mai, l’Observatoire des Zones Prioritaires tenait sa Journée annuelle. Une occasion d’interroger Marc Douaire, président de l’association OZP de revenir sur l’éducation prioritaire depuis la refondation.

L’OZP aujourd’hui c’est un regroupement d’expert, une association de professionnels de l’éducation prioritaire, une association marginalisée par l’Education nationale ?

C’est une association qui date de 1990 à une époque où il n’y avait pas de centre de ressources sur l’éducation prioritaire. On l’a donc créé de façon indépendante du ministère qui ne nous subventionne pas. On est un regroupement d’acteurs de la politique d’éducation prioritaire et de la politique de la Ville. C’est cette pluralité qui donne de l’intérêt à nos débats. On a été très sollicité par les gouvernements même si nos prises de position n’ont pas toujours plu. On a fait la synthèse de la concertation de 2012. On a salué l’ambition de la nouvelle politique d’éducation prioritaire. Mais on pose les questions des pratiques pédagogiques, du pilotage , de la formation des équipes, de leur accompagnement, de la reconnaissance de leur travail.

En 2012 il ya eu un débat sur l’éducation prioritaire. Au final ce qui a été fait c’est conforme à vos idées ? Quel bilan faites vous de la refondation ?

En 2012 une partie des personnes qui se penchaient sur ce dossier était pour l’abandon des politiques territoriales et de la labellisation. Cela nous a beaucoup choqué. Sur ce point un effort a été fait. Aujourd’hui personne ne conteste la carte des 350 rep+. Notre ambition c’est que ce qui se passe en rep+ soit soutenu et diffusé dans les Rep.

Mais la transformation qui se produit en éducation prioritaire n’a de sens que si le système dans son ensemble se transforme. Sinon c’est perdu d’avance. Il faut donc une réflexion sur la lutte contre les inégalités dans tout le système. Or pour le moment il n’y a pas de bilan du travail fait en éducation prioritaire.

Vous demandez ce bilan ?

Oui il faut un bilan de la politique engagée, de son efficacité .

Dans les mesures prises dans les rep laquelle vous semble la plus importante ?

C’est celle qui prévoit le temps de pondération . Il ya parfois des résistances de chefs d’établissement qui procèdent par caporalisation ou du laxisme enseignant. Mais dans l’ensemble c’est la première fois qu’on satisfait une vieille revendication de reconnaitre autre chose que le face à face pédagogique. Avec la pondération, on reconnait qu’un enseignant est membre d’un collectif.

Une autre mesure forte c’est la projection vers le premier degré avec le plus de maitre que de classe. La scolarisation des moins de 3 enfants est moins engagée.

Ce qui va venir dans le débat c’est le pilotage. Si le discours ministériel est dans la continuité la déclinaison dans les académies est variable.

Dans les académies, on a l’impression que les moyens donnés d’un coté sont repris de l’autre par la disparition d’heures locales. Vous confirmez ?

Je suis pas persuadé qu’il y ait beaucoup de mécontentement . Mais il y a un débat sur ce qui est prioritaire. C’est la question posée par les lycées. Si on dit que ce qui est prioritaire c’est l’école et le collège on peut sans doute avoir une politique spécifique pour les lycées professionnels.

Le système ne change pas et parfois annule les effets de la politique prioritaire. Par exemple, on a de la formation en éducation prioritaire mais le taux de rotation des enseignants est tel qu’il peut annuler ces effets. Qu’en pensez vous ?

Il ya une difficulté sur la formation en Espé car ce qui se passe en éducation prioritaire n’y est pas porté. Par contre on constate que les jeunes qui arrivent en Rep+ s’intègrent dans un collectif et ne sentent pas abandonnés. L’éducation prioritaire à elle seule ne pourra pas rendre le système égalitaire s’il ne le veut pas. Elle ne doit pas être l’alibi de la démocratisation. Mais la supprimer c’est casser le thermomètre. On voit que des équipes souhaitent entrer en éducation prioritaire pas que pour les moyens mais aussi pour que leurs difficultés soient reconnues. Il y a un problème de reconnaissance.

Propos recueillis par François Jarraud