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C’est une première. La Depp (division des études du ministère de l’éducation nationale) publie les résultats d’une étude portant sur plus de 160 000 élèves entrant en 6ème pour évaluer leur niveau de maitrise du socle commun. Elle montre que les écarts de réussite scolaire sont déjà bien présents à la fin de l’école primaire. Ils sont sociaux. Mais aussi géographiques, certaines académies obtenant à conditions égales de meilleurs résultats que d’autres. Mais pourquoi ?

161 000 élèves testés

Pour la première fois la Depp a réalisé une évaluation par ordinateur des compétences du socle à l’entrée en 6ème. Plus de 161 000 élèves dans 4414 collèges ont passé une évaluation sur ordinateur en maitrise de la langue et mathématiques. En français, l’évaluation a porté sur la lecture, l’orthographe, la grammaire et le vocabulaire. En maths, les élèves ont été évalués en calcul, géométrie, grandeurs et mesures, gestion des données. Une évaluation a aussi eu lieu en sciences.

Le bas niveau des redoublants

Le résultat global n’est pas fameux. Selon la Depp, près de 80% des jeunes entrant en 6ème ont un niveau suffisant en maitrise de la langue et 70% en maths.

Mais l’étude montre surtout de très forts contrastes entre les élèves. Le plus important est celui entre les élèves « en retard », ayant redoublé une classe du primaire, et « à l’heure ». Si 88% des jeunes à l’heure maitrisent les compétences en français, ils ne sont que 48% pour les redoublants. En maths l’écart est encore plus important : 78 et 34%. On notera au passage que le redoublement n’a rien résolu, au mieux.

Inégalités sociales manifestes

L’écart est aussi très important entre élèves de l’enseignement prioritaire et élèves du public non prioritaire ou du privé. 89% des élèves du privé maitrisent le socle en français contre 83% du public non prioritaire et 60% des élèves de REP+. Là aussi c’est pire en maths : 80% dans le privé, 73% dans le public non prioritaire et 44% en Rep+. On peut donc dire qu’un élève sur deux entrant en Rep+ n’a pas validé le socle à la fin du primaire et est déjà en grave difficulté. Inversement le privé part avec déjà d’excellents élèves. Il est vrai que son recrutement est nettement privilégié.

Cela à voir avec la situation sociale des enfants. 94% des jeunes de milieu favorisé ont répondu aux exigences du socle en français à la fin de l’école primaire contre seulement 69% chez les plus défavorisés. Quand 9 enfants de milieu favorisé ont un niveau bon ou correct en maths à la sortie de l’école primaire ce n’est le cas que d’un enfant sur deux chez les foyers pauvres.

Inégalités entre académies

Mais l’étude pointe aussi de fortes inégalités académiques. Ainsi le nord-est du pays et les DOM apparaissent comme en difficulté. C’est le cas des académies de Lille, Amiens Créteil, Rouen pour le français par exemple.

Mais ces résultats sont aussi liés à la composition sociale de ces académies. Aussi la Deppa calculé les écarts « à situation sociale égale ». Ce nouveau calcul montre par exemple que Paris, première académie pour les compétences en maths , redescendrait dans le classement. Autre exemple, à niveau social équivalent, Besançon s’en tire nettement mieux que Rouen.

Il resterait à expliquer comment certaines académies arrivent à de meilleurs résultats . Mais l’étude de la Depp montre déjà que c’est bien au primaire que les efforts doivent être faits en priorité et particulièrement en éducation prioritaire. Car dès la sortie de l’école, les élèves accusent des écarts de compétences que le collège a peu de chances d’effacer.

François Jarraud

L’étude