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La réforme du collège ferait-elle fuir les parents vers le privé ? C’est ce qu’affirme le Snes dans un article de l’US de juin qui dresse un portrait catastrophique des inscriptions en 6ème depuis 2015. Mais qu’en est il vraiment ?

Une fuite vers le privé ?

« À la rentrée 2015, la hausse des effectifs en Sixième a été nettement plus forte dans le secteur privé que dans le secteur public et représente 86 % de la hausse globale », écvrit le Snes. « La réforme du collège, comme cela avait été le cas avec celle des rythmes scolaires dans le primaire, a des conséquences sur les choix de scolarisation des familles. Alors que globalement la part de l’enseignement privé reste stable à 21,1 %, on constate qu’à la rentrée 2015, les effectifs du secteur public ne progressent en Sixième que de 0,1% contre 1,6% dans le privé ».

Pour le Snes, cette véritable fuite vers le privé s’expliquerait par le fait que le privé « disposera d’une marge  » dans l’application de la réforme et pourra continuer à offrir classes bilangues et latin grec. Sur ce point, le secrétaire général de l’enseignement a effectivement expliqué que la réforme laisse suffisamment d’autonomie pour que les établissements puissent maintenir ces enseignements dans son cadre. Pour le Snes, la fuite devrait s’amplifier en 2016 et 2017 à cause de la réforme.

Des données de la Depp

Mais d’où viennent les chiffres mis en avant par le Snes ? Sont-ils conformes à la réalité ? Interrogé, le syndicat se retranche derrière derrière une Note de la Depp sur les effectifs à la rentrée 2015. On y lit :  » L’enseignement privé capte la plus grande part de la hausse des effectifs de sixième. En conséquence, la part des élèves scolarisés dans le secteur privé en sixième est proche de 22 % en 2015, soit, à champ constant, une augmentation de 0,25 point en un an (FIGURE 7). Cette augmentation est la plus forte enregistrée à l’entrée en sixième depuis 2007, année de la réforme de la carte scolaire, où la part du privé avait crû de 0,4 point. »

Selon cette Note, il y aurait à la rentrée 2015 627 707 élèves en 6ème à la rentrée 2015 dans le public soit 425 de plus qu’en 2014 ou +0.1% et 176 860 dans le privé, soit 2713 de plus ou +1.6%.

Les chiffres du ministère et de l’enseignement catholique

Mais ces chiffres de novembre 2015 ne sont plus portés ni par le ministère ni par le privé. L’enseignement privé assure avoir 169 286 enfants scolarisés en 6ème à la rentrée 2015, soit 7000 de moins qu’annoncé. Surtout c’est un millier de moins qu’en 2012. Il y aurait bien une hausse depuis 2014 mais elle serait de 1626 enfants soit +1%. Elle serait par contre à peu près générale, l’enseignement catholique ne perdant un peu de terrain qu’à Rennes et Nantes.

Quant au ministère; interrogé lui aussi par le Café pédagogique, il annonce 177 758 élèves dans le privé à la rentrée 2015 soit 3 611 de plus qu’en 2014, ou +2%. Le public accueillerait 7372 élèves de plus en 6ème, le double du privé en nombre et +1.2%.

Il semble donc que la hausse du privé soit moins forte que celle annoncée par la Depp en novembre . Et qu’elle se porte vers le hors contrat davantage que l’enseignement catholique. Une situation qui entraîne , on s’en souvient, des mesures de controle de la part de l’Education nationale. Quant à connaitre les motivations de cette poussée et ce que réserve l’avenir…

François Jarraud

Article Snes

Note Depp

L’enseignement catholique et l’accueil des réformes