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Depuis un an la pression est plus forte sur l’Ecole pour qu’elle développe les compétences sociales des élèves, celles qui permettent de vivre en groupe, de s’exprimer dans le respect, de coopérer. C’est le pari qu’ont relevé deux enseignants de langues, Vincent Gravouil, professeur de lettres et Stéphanie Marcos, professeure d’anglais, au lycée Touchard du Mans.

Développer coopération et confiance

L’instrument de cette émergence des compétences sociale c’est le « drama », un enseignement inscrit au curriculum des écoles anglaises que V Gravouil a pu observer en Angleterre grâce à Erasmus. Toute l’année, une classe de 1ère S a utilisé l’heure d’Accompagnement personnalisé pour cet exercice théâtral en français et en anglais.

Les deux enseignants sont d’accord sur le constat de départ et les objectifs. « On voulait libérer la parole de nos élèves, les laisser jouer avec leurs émotions », explique S Marcos. Tous deux présentent ces « bons élèves » de 1ère S comme studieux mais peu en confiance. « Quand on va en Angleterre on voit des jeunes beaucoup plus ouverts, capables de s’exprimer avec aisance. Etre capable de coopérer, de vivre avec les autres, de mesurer ses paroles et ses gestes, c’est très important pour sa vie personnelle. C’est lié à la confiance en soi ». « On voulait aussi développer leur imagination », ajoute V Gravouil.

Le rituel du drama

« On a mis au point un déroulé », explique V Gravouil, « un rituel avec une phase d’échauffement et une situation à jouer ».

« Voici quelques exemples de warm-ups pour travailler sur la confiance dans le groupe et la concentration : « La quille » : un élève au-milieu d’un groupe de 7, les yeux fermés, reste raide et se laisse pousser lentement par le groupe, comme une quille. « Dos à dos » : se déplacer conjointement en s’appuyant au dos de son camarade (nécessité de se coordonner, de coopérer et se concentrer) », explique V Gravouil.

Les exercices avaient lieu en français ou en anglais. Le thème retenu était les contes, sujet également abordé en cours de lettres. « Par exemple, on peut demander aux élèves d’imaginer la visite guidée d’un espace merveilleux (la forêt de Blanche-neige, le château de la Belle au bois dormant…) : un guide met le lieu en valeur, les visiteurs réagissent au lieu décrit. Quelques contraintes sont imposées : des groupes de 4 ; introduire les mots-clés en anglais pour une visite bilingue ; faire comprendre l’espace décrit et l’émotion ressentie par rapport à l’espace », explique V Gravouil.

Ce travail est mené avec un lycée italien sélectionné sur e-twinning qui mène également u travail sur le conte.

Généraliser le drama ?

« Les élèves ont appris à se faire confiance mutuellement et à faire travailler leur imagination », déclare V Gravouil. « Mais ils ont aussi beaucoup réinvesti le travail fait en classe sur le conte. C’est une autre façon d’apprendre ».

« Travailler l’anglais ainsi les a déculpabilisé. L’accès à la langue est devenu beaucoup plus facile », estime S Marcos. « En même temps ils ont appris à être davantage eux mêmes. Personnellement j’ai réutilisé ces techniques dans mes cours ordinaires en faisant tirer au sort des petites situations par les élèves et en les faisant jouer. C’est une bonne façon d’encourager l’expression orale en anglais. »

Alors faut-il généraliser le « drama » en France comme il l’est en Angleterre ? Les deux enseignants manifestent le plaisir qu’ils ont eu à développer une autre relation avec les élèves.

François Jarraud

Le projet présenté sur le site académique de Nantes