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Comment des écoliers et collégiens peuvent-ils produire du contenu numérique utile aux autres apprenants ? Soledad Garnier, professeur des écoles en milieu rural à Burie (17) et Laure Hauwaert, enseignante en anglais en collège REP à Brest (29) ont présenté devant 150 personnes, lors du CLIC 2016, leurs travaux. Leur objectif commun est la pérennité des apprentissages au cours de la scolarité. Elles expliquent les étapes de leurs projets menés en classe inversée.

Un constat partagé

Pour ces enseignantes, les élèves produisent du contenu pour montrer qu’ils maitrisent, pour aider et pour être créatif. « Les élèves apprennent mais ça ne tient pas sur du long terme. » Comment rendre alors les apprentissages plus pérennes ? Quelle place accorder à l’erreur ?

Soledad Garnier a mis en place un site pour aider d’autres élèves. Le contenu du site est rédigé par ses écoliers de CM1 et CM2. « S’ils peuvent expliquer à autrui, on peut considérer que c’est acquis ». Le public visé est les élèves de la classe, des élèves déscolarisés ou handicapés. Ce travail nécessite de partager les stratégies d’apprentissage des uns et des autres. « Et toi, comment fais-tu pour apprendre cette notion ? » Je dis toujours à mes classes que « les élèves qui réussissent n’ont pas de pouvoir magique, ils ont une stratégie efficace ».

Le travail s’effectue à raison de 2 heures par semaine. Les élèves regardent à la maison deux vidéos en français et deux en mathématiques. Les écoliers répondent ensuite à un questionnaire. Puis, de retour en classe, les groupes sont créés selon la maîtrise des sujets. « Ainsi j’ai davantage de temps à accorder à ceux qui n’ont pas compris les notions, les autres peuvent commencer les exercices ».

Elaboration d’un parcours d’apprentissage complet par les élèves

Des rôles sont ensuite donnés aux écoliers : experts en stratégie et experts en obstacle. L’objectif est d’élaborer des parcours d’apprentissages complets pour des élèves hospitalisés ou déscolarisés. Ces travaux seront mis en ligne sur le blog. « Mes élèves connaissent les erreurs possibles. A eux d’anticiper celles-ci pour proposer une typologie des erreurs. » En effet, les experts des obstacles essayent de comprendre et d’expliquer les erreurs. Les experts en stratégie répertorient ces erreurs et inventent des astuces pour les contourner. La production attendue peut être une carte mentale, une capsule ou encore un qcm. Devant l’amphithéâtre, l’enseignante présente en vidéo ses élèves en pleine réflexion.

A noter, que Soledad Garnier donne une feuille de route à ses élèves. Elle ne cache pas ses exigences aux congressistes « rigueur et précision sont attendues ! » insiste-t-elle. Chaque élève a son rôle dans le groupe : le chevalier gère les consignes et les conflits, le gardien gère le temps et le bruit ; l’émissaire peut demander de l’aide à l’enseignante et enfin le scribe rédige « le story-board ».

Classe inversée en anglais

Les stratégies d’apprentissage sont aussi au cœur de la classe inversée de Laure Hauwaert. L’enseignante finistérienne construit avec ses élèves un voyage fictif autour du monde anglophone. Ses collégiens créent leur propre synthèse en produisant des capsules. « Ce qui m’intéresse, ce sont les stratégies utilisées pour retenir le cours ». La tâche finale est un journal de voyage. Tout le travail s’effectue par binôme. Il sera ensuite testé avec un autre binôme. On retrouve donc la fameuse évaluation par les pairs.

Un autre projet mené dans le cadre de l’accompagnement personnalisé en 6ème par Laure Hauwaert mêle SVT et anglais. Les collégiens enquêtent pour le fonds mondial de la nature notamment sur les animaux endémiques des pays anglophones. L’objectif est de réaliser un jeu de l’oie « Snakelader » avec des cases QrCode intégrant une question. Un Padlet est mis à disposition par l’enseignante. Il rassemble des informations sur les différentes espèces d’animaux. « J’utilise aussi beaucoup Genially et Thinglink pour transmettre des informations.»

Les présentations des enseignantes ont suscité de nombreuses questions du public. Au final, ce travail de production numérique réalisé au cycle 3, du CM1 à la 6ème, valorise les apprentissages des élèves et permet de créer du lien avec d’autres apprenants.

Julien Cabioch

Site de Soledad Garnier

Site de Laure Hauwaert

Le blog créé par les CM1 CM2

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