Print Friendly, PDF & Email

Publiée une bonne semaine en avance, la répartition des postes pour la rentrée 2016 tranche nettement avec les rentrées précédentes. « Effort sans précédent », la répartition des postes fait plus que défendre la promesse des 54 000 postes. La rentrée verra des seuils franchis, par exemple plus de 1000 postes pour l’académie de Créteil. Partout le nombre de postes augmente. Mais plus de 1600 emplois d’enseignants sont affectés sur critère social. La gestion des postes pour 2016 est vraiment à gauche.

Une hausse généralisée des moyens

Pour 37 111 élèves en plus à la rentrée 2016, le ministère annonce la création de 6639 nouveaux postes d’enseignants. Le ministère prévoit ainsi un effort budgétaire conséquent qui rend possible la promesse des 54 000 postes faite par F Hollande en 2012.

Mais, plus que le respect d’une promesse politique, la répartition des moyens se traduit sur le terrain par une hausse généralisée des moyens. Pour une aussi bonne nouvelle, le gouvernement n’a pas voulu attendre le 17 décembre, date fixée pour la réunion avec les syndicats. Si les chiffres sortent en hâte le 9 décembre au soir de façon à ce que chaque académie ait la nouvelle, ce n’est peut être pas sans lien avec la situation politique. Toujours est-il que chaque académie verra en 2016 ses moyens augmenter.

Une seule académie métropolitaine voit le nombre de postes diminuer : c’est Caen qui perd près de 2000 élèves. Mais Paris, qui en perd autant, gagne 2 postes, Dijon qui perd 1194 élèves gagne 20 postes, Besançon 10, Reims 20. Guadeloupe et Martinique perdent des élèves et des postes, mais deux fois moins qu’en 2015. Par conséquent en métropole, des académies qui étaient en 2015 dans le négatif passent au positif. Nancy Metz a rendu 67 postes en 2015, il en gagne 80 à la rentrée 2016. Par exemple.

Plus de 1000 créations de postes à Créteil

Un seuil de création de postes est atteint à Créteil. En 2015, 846 postes avaient été créés dans l’académie. A la rentrée 2016, Créteil bénéficiera de 1115 postes supplémentaires, un effort jamais vu. Versailles aura 870 postes (648 en 2015), Bordeaux 335 , Lyon 490, Montpellier 450, Nantes 380, Toulouse 300, Aix Marseille 330. Mais c’est dans les petites académies que la hausse peut êtr ele plus forte : Amiens aura 3 fois plus de postes qu’en 2015, Clermont-Ferrand, Limoges également, Strasbourg deux fois plus.

Priorité au primaire

La promesse de la priorité au primaire est elle aussi tenue. En 2015 il y avait davantage de postes créés au secondaire qu’au primaire. En 2016, 2804 postes sont ouverts dans le secondaire contre 3835 au primaire. Or le nombre d’élèves diminue à la rentrée 2016. 2027 postes sont ouverts au premier degré pour appliquer les politiques décidées par le gouvernement comme le plus de maitres que de classes.

Priorité aux communes pauvres

Tous ces chiffres sont possibles grâce à la nouvelle répartition des moyens voulues par la ministre.  » Notre système n’offre pas aux élèves le même accès au savoir en fonction des familles auxquels ils appartiennent… C’est la mission de l’Ecole que d’organiser la promotion sociale », avait déclaré N Vallaud Belkacem en décembre 2015.  » Un enfant de trois ans selon sa famille a un langage plus ou moins riche dans un rapport de 1 à 3. Un enfant d’ouvrier a deux fois moins de chance d’avoir le bac qu’en enfant de cadre. Notre système éducatif n’offre pas le même accès au savoir ». La ministre avait promis de  » donner à chaque école et collège les moyens de faire réussir tous les élèves » et de « rendre ‘l’école plus juste ».

Dans les créations de postes 2016, 1643 postes sont affectés sur critère social. En décembre 2015 C Moisan, directrice de la Depp, avait expliqué que le ministère doterait les académies selon 15 profils tenant compte du nombre d’élèves, des revenus des familles et des caractéristiques des territoires. Les commune sont classées en fonction du niveau de vie médian et c’est pris en compte pour la création des postes.

Ainsi Créteil gagne 200 postes supplémentaires, Lille 155, Montpellier 125, Aix Marseille et Versailles 90. Sur les 80 postes créés à Nancy Metz, la moitié est liée aux poches de pauvreté.

Un véritable budget de gauche

« C’est une carte scolaire très politique », nous dit Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. « Globalement les promesses sont tenues. Peillon avait annoncé une politique sociale de répartition des moyens. On tente de donner plus à ceux qui ont moins. C’est une politique de gauche à caractère social, un vrai choix politique ». Fin novembre, la Commission de l’éducation du Sénat, majoritairement à droite, a demandé l’arrêt des créations de postes.

« La vraie question cela va être la répartition des moyens entre collège et lycée », nous dit C Chevalier. Il y a 2804 postes supplémentaires dans le secondaire pour 37000 élèves supplémentaires. « Les recteurs ont comme instruction de maintenir les DHG des collèges », continue C Chevalier, « ce sera à regarder à la loupe ». Pour le ministère, « les 2 804 nouveaux postes vont permettre d’accompagner la hausse démographique et la mise en œuvre de la réforme du collège, qui prévoit la création de 4000 postes sur deux ans. »

François Jarraud

Primaire

Secondaire

TOTAL

Evolution nombre élèves

Critère démographique

Critère social

Protocoles ruraux

Priorité 1er degré

Créations de postes

Evolution nombre élèves

Créations de postes

Evolution totale nombre élèves

Créations de postes

Rappel 2015

Aix-Marseille

2249

100

90


60

250

712

80

2961

330

337

Amiens

-1199

-50

80


80

110

720

60

-479

170

63

Besançon

-1055

-45

20

10

20

5

162

5

-893

10

27

Bordeaux

1011

45

50


80

175

2021

160

3032

335

231

Caen

-1343

-60

30


35

5

-457

-25

-1800

-20

-39

Clermont-Ferrand

-546

-25

5

15

20

15

467

30

-79

45

15

Corse

86

0

3


2

5

236

7

322

12

10

Créteil

3160

150

200


300

650

7777

465

10937

1115

846

Dijon

-1135

-50

25

5

35

15

-59

5

-1194

20

-20

Grenoble

682

30

40


80

150

1747

150

2429

300

248

Lille

-995

-45

155


90

200

961

80

-34

280

203

Limoges

-743

-25

10

10

20

15

624

30

-119

45

15

Lyon

1805

90

100


100

290

3165

200

4970

490

509

Montpellier

1441

70

125

5

100

300

1394

150

2835

450

351

Nancy-Metz

-1185

-50

40

10

30

30

639

50

-546

80

-67

Nantes

-251

-5

75

10

120

200

3318

180

3067

380

343

Nice

511

20

30


40

90

592

60

1103

150

92

Orléans-Tours

-535

-20

40

10

80

110

2121

170

1586

280

163

Paris

-1985

-85

35


50

0

66

2

-1919

2

-12

Poitiers

-938

-45

30

10

45

40

707

55

-231

95

62

Reims

-1111

-50

30


30

10

178

10

-933

20

-14

Rennes

-1137

-50

30

10

80

70

1558

135

421

205

138

Rouen

-325

-15

35


30

50

509

45

184

95

96

Strasbourg

273

10

30


40

80

236

30

509

110

62

Toulouse

1387

65

30

25

60

180

1456

120

2843

300

280

Versailles

3918

190

90


220

500

4427

370

8345

870

648

France Métro.

2040

150

1428

120

1847

3545

35277

2624

37317

6169

Guadeloupe

-1920

-80

40


40

0

-416

-35

-2336

-35

-63

Guyane

119

5

55


40

100

745

80

864

180

189

La Réunion

-370

-15

50


45

80

151

20

-219

100

143

Martinique

-1135

-50

30


20

0

-504

-35

-1639

-35

-68

Mayotte

733

35

40


35

110

2391

150

3124

260

200

DOM

-2573

-105

215


180

290

2367

180

-206

470


Total

-533

45

1643

120

2027

3835

37644

2804

37111

6639

5039

Tableau et cartes

Les postes en 2015

Le budget au Sénat

Un budget 2017 en nette hausse

A quelques mois des élections, le gouvernement publie un budget général en hausse. C’est une bonne nouvelle pour l’éducation nationale qui rafle la moitié des dépenses supplémentaires de l’Etat avec 3 milliards d’augmentation de son budget. En fin de parcours, la priorité à l’éducation nationale est clairement réaffirmée.

Un budget en rupture

« Pour 2017, nous vous proposerons davantage de moyens en faveur de l’éducation, de l’emploi et de la sécurité ». Le 7 juillet devant l’Assemblée nationale, Christian Eckert, secrétaire d’Etat au budget, a présenté les grandes lignes du budget 2017. « Un pays où l’on vit en sécurité et où chacun, quelle que soit sa condition sociale, peut avoir accès au savoir, vivre du fruit de son travail et s’élever dans la société par ses propres mérites, voilà ce que nous voulons. Alors oui, la dépense de l’État hors charge de la dette et pensions augmentera de 3,3 milliards d’euros en 2017. Cette augmentation, non seulement nous l’assumons, mais nous la revendiquons ».

C’est bien une rupture par rapport aux budgets antérieurs marqués par la volonté de faire baisser la dépense publique. Depuis 2013 près de 5 milliards ont été retranchés des dépenses de l’Etat. En 2017, l’Etat va donc tenter de dépenser plus tout en diminuant le déficit public pour le ramener à 2.7%. Une gageure.

L’opposition dénonce, par la bouche de G Carrez, un « open bar toutes les semaines », le gouvernement multipliant les cadeaux. Elle dénonce des « artifices comptables », notamment le report comptable à 2018 d’une partie des dépenses de soutien aux entreprises. Et de prédire « un héritage terrible » en 2017…

Trois milliards pour l’Education nationale

En tous cas C. Eckert a ciblé les bons ministères. Le ministère de l’emploi empoche 1831 millions supplémentaires pour financer les nouvelles aides à l’emploi. L’Intérieur, la Défense et la Justice, respectivement 863, 533 et 295 millions. A noter que d’autres ministères voient leur budget ponctionné , comme les Finances, l’Economie ou l’Aménagement du territoire.

Mais c’est l’Education nationale qui rafle la mise. Le budget du ministère va progresser de 2 915 millions. Pour rappel, en 2016 il n’avait augmenté que de 500 millions. Non seulement l’Education reste le premier budget ministériel mais c’est aussi, et de loin, celui qui augmente le plus. Pour N. Vallaud-Belkacem, c’est une « hausse historique ».

Sur cette somme 850 millions iront à l’enseignement supérieur. L’enseignement scolaire va bénéficier de 2 150 millions supplémentaires. « Cela permettra de conforter la refondation de l’École à travers les créations de postes pour la rentrée 2017 (11 662 postes pour atteindre les 54 000 postes dans l’Éducation nationale), d’augmenter la rémunération des personnels de l’Éducation nationale (ISAE à 1200 euros dans le premier degré, dégel du point d’indice, revalorisation globale de l’ensemble des personnels dans le cadre du PPCR), de pérenniser les contrats aidés pour les élèves en situation de handicap, de déployer le plan numérique ou encore de financer les mesures annoncées en mars dernier par le Premier ministre, notamment l’augmentation des bourses lycéennes, les fonds sociaux, l’aide à la recherche du premier emploi », annonce le ministère.

Revalorisation des salaires, créations de postes : pour les enseignants, la dernière année du quinquennat s’annonce différente. La pression démographique devrait aussi diminuer au primaire où le nombre d’élèves sera stable à la rentrée 2016.

Rapport préparatoire

Débat à l’Assemblée

Budget 2016