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Les parents d’élèves de la FCPE s’inquiètent de la remise en cause tous azimuts de la gratuité, dans les cantines, les transports scolaires, les activités périscolaires… Malgré  » les efforts considérables réalisés sous ce quinquennat « , ils prévoient une rentrée encore difficile marquée, entre autres, par des problèmes de remplacement.

Pour sa conférence de presse de rentrée, la dernière du quinquennat, la présidente de la FCPE Liliana Moyano a d’emblée annoncé la couleur : ce ne sera ni noir ni blanc mais tout en nuances.  » Ce ne sera pas le mur des lamentations, a-t-elle averti, et on ne va pas non plus décerner de bons points. A l’école, les réformes se jouent sur un temps long. Il faut leur laisser le temps de s’installer avant de tirer un bilan. « 

Interrogée sur les conditions de la rentrée, la responsable de la première fédération de parents d’élèves de l’école publique a toutefois reconnu de nombreux problèmes. En premier lieu, elle a évoqué  » le détricocage « ,  » l’attaque très forte  » des collectivités locales contre la gratuité, l’un des fondements de l’école française.

Droite et gauche

Lundi devant la presse, la ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem, très offensive contre l’opposition, avait déjà fustigé les responsables locaux  » de droite  » qui supprimaient la gratuité des transports scolaires ou les prix réduits à la cantine en fonction du quotidien familial.

Liliana Moyano a, elle, mis tout le monde dans le même sac, accusant les départements et les régions  » de droite comme de gauche  » de s’en prendre à la gratuité et de sanctionner ainsi les familles défavorisées. Elle a cité des grandes régions des deux bords : la nouvelle Aquitaine, la Bretagne et le Grand Est.

 » Lorsqu’on proteste auprès des responsables, a-t-elle expliqué, ils nous disent que l’Etat coupe dans leurs subventions. Nous leur répondons qu’ils font payer la crise aux parents, que ce sont des choix politiques et qu’ils font le choix de sacrifier l’éducation ! « 

Pas de baguette magique

Sur le problème des remplacements, l’un des chevaux de bataille de la FCPE, sa présidente se veut réaliste. Contrairement aux assertions idylliques de Najat Vallaud-Belkacem, la pénurie de profs remplaçants ne va pas se résoudre d’un coup de baguette magique.  » Nous n’oublions pas d’où nous venons, le précédent quinquennat avait opéré une vraie casse et laissé l’école exsangue « , a souligné Liliana Moyano.

Sur son site Ouyapacours, la FCPE avait recensé l’an dernier 40 000 journées non remplacées – primaire et secondaire confondus. La ministre a annoncé une réforme du dispositif de remplacement, avec notamment un élargissement des zones où interviendront les profs remplaçants.

Pour la FCPE, il faut certes améliorer la gestion erratique du remplacement. Mais cela ne suffira pas. Les parents d’élèves vont donc continuer à recenser les problèmes et à faire pression.  » On ne peut pas réformer l’école sans que le minimum soit assuré, c’est-à-dire qu’il y ait des profs devant les élèves « , a martelé Liliana Moyano.

Y croire encore

Sur la promesse des 60 000 postes, la FCPE veut encore y croire – pour la tenir, il reste à créer 11 000 postes en 2017. Mais là encore, elle se veut réaliste. La plupart des postes créés, a rappelé le vice-président Hervé-Jean Le Niger, ont été absorbés par la hausse démographique, par les nouveaux dispositifs promis et par le rétablissement de la formation des profs :  » Alors ça se sent peu sur le terrain ».

Sur la très sensible réforme du collège, soutenue par la FCPE au niveau national mais discutée dans ses rangs, Liliana Moyano et Hervé-Jean Le Niger l’ont défendue mais ils savent qu’il faudra du temps. « C’est la vraie révolution pédagogique que l’on attendait », s’est félicité le vice-président.

Diplomates, les deux responsables, soucieux sans doute de ne pas envenimer leurs rapports avec les profs, ont refusé de commenter la grève du 8 septembre appelée par une intersyndicale autour du Snes-FSU, le principal syndicat du secondaire. Ils ont simplement rappelé que  » la réforme du collège ne se ferait pas sans les enseignants « .

Des caravanes participatives

Enfin, ils ont annoncé le lancement d’une vaste opération: les  » caravanes participatives de la FCPE  » qui vont circuler dans toute la France du 24 septembre jusqu’au 5 octobre, à la veille des élections des représentants des parents d’élèves.

L’idée est d’aller à la rencontre des familles les plus éloignées de l’école – « ou plutôt de celles dont l’école s’est éloignée », a précisé Hervé-Jean Le Niger – pour les informer sur l’institution scolaire et leur demander leur attentes. Plus largement, il s’agit aussi de nourrir les interpellations que la FCPE va adresser aux candidats à la présidentielle.

Concrètement, ces caravanes – il y en aura au moins deux – s’arrêteront au pied des immeubles à la rencontre des familles défavorisées. Il y aura aussi des réunions plus classiques dans les écoles avec les militants, les profs, les élus locaux…

Les caravanes seront animées par des militants locaux de la FCPE qui compte 320 000 adhérents.  » Nous avons un maillage territorial extraordinaire, c’est une grande force « , a souligné Hervé Jean Le Niger. L’occasion aussi de montrer que sur l’école, il faut compter avec eux à l’approche d’échéances électorales cruciales.

 » Nous voulons construire ensemble une école inclusive, de la bienveillance et du bien commun, alors que d’autres prônent le retour en arrière, la sélection et le chacun pour soi, a plaidé Liliana Moyano. Certes, l’école doit être sécurisée mais elle ne doit surtout pas être bunkérisée et se refermer sur elle-même. Nous défendons des valeurs et même si nous apparaissons un peu à contre-courant, nous allons les porter haut.  »

Véronique Soulé