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Avec 4.6% de grévistes selon le ministère dans les collèges, 20 à 25% selon le Snes, le mouvement du 8 septembre n’a pas fait le plein. Le Snes, principal syndicat de l’intersyndicale, demande des « mesures d’urgence » et la reprise des discussions sur la réforme.

Un pari perdu

Malgré la « désorganisation des collèges » et « les problèmes qui s’accumulent » selon le Snes, peu d’enseignants ont fait grève le 8 septembre contre la réforme du collège. Le ministère déclare 4.6% de grèvistes , soit deux fois moins qu’en mars 2016 et 4 ou 5 fois moins qu’en janvier dernier.

Le pari de la mobilisation fait par l’intersyndicale est perdu. « On savait que faire grève après la rentrée c’est compliqué », nous a dit Frédérique Rolet. « Les enseignants ont leur premier contact avec leurs élèves et ça leur est difficile de les abandonner ». La secrétaire générale du Snes relève aussi que ce n’est pas la première grève et que ca pèse sur le budget des enseignants. « Ils nous disent « faites grève ». C’est une sorte de délégation ».

Mais un mécontentement qui dure

Car pour F Rolet, la majorité des enseignants n’a pas changé d’avis à cette rentrée et restent hostiles à la réforme. Une opinion qui est partagée par Philippe Tournier, secrétaire général du Snpden, un syndicat favorable à la réforme.

Dans le maigre cortège parisien, on entendait surtout des professeurs de lycée qui protestaient contre les sorties de zep ou les classes surchargées. Mais Delphine et Céline deux enseignantes d’un collège de l’Essonne nous ont expliqué qu’elles étaient là pour défendre leurs heures disciplinaires. « Les EPI viennent manger notre quota horaire », nous a dit Delphine, professeure de lettres. Céline professeure de maths craint de ne pas pouvoir faire atteindre un niveau correct à ses élèves du fait de ces « pertes » d’heures. « On me demande d’enseigner des choses pour lesquelles je ne suis pas formée comme la programmation », ajoute-elle. « On nous demande de faire des maths mais qui ne se voient pas. Il faut que ce soit ludique », soupire-t-elle.

Lisa, une professeure de lettres classiques d’un collège de Trappes, est là pour la même raison. « On a autant de choses à faire passer avec moins d’hueres », dit-elle. « On avait mis en place de l’accompagnement, des heures d’études qui disparaissent depuis que la réforme a fixé un maximum d’heures élèves à 26 heures ».

De « mesures d’urgence  » à la reprise des discussions…

Frédérique Rolet ne parlait pus d’abrogation de la réforme le 8 septembre. « On veut une réforme mais si on dit abrogation ça prendra du temps. Or il ya urgence ». Elle demande des « mesures d’urgence.., regarder concrètement les problèmes et reprendre des discussions ». Par exemple, « construire progressivement l’interdisciplinarité en regardant quel est le meilleur moment  » là où les enseignants découvrent l’interdisciplinarité.

« Il faut des mesures d’urgence, des discussions sérieuses sur la mixité, la lutte contre les inégalités, les conditions de réussite de tous les élèves au collège comme au lycée », écrit le Snes. Des mots qui renvoient au discours de F Hollande. Un nouveau cap pour le syndicat ?

François Jarraud