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François Hollande n’a pas parlé que de laïcité le 8 septembre. Il a aussi promis une école plus juste et plus innovante. Un nouvel adjectif et un nouveau thème de campagne pour le futur candidat, après la réforme du lycée et la mixité sociale.

Défense des droits d e l’Homme

« Pour défendre le droit, voilà qu’il faudrait commencer par l’abaisser, recourir à des internements administratifs dans des camps, enfermer les suspects sans discernement et sans jugement. J’en entends même qui veulent ressusciter la Cour de Sureté de l’Etat ; revenir sur l’indépendance de la justice ; la séparation des pouvoirs ; renier les Droits de l’Homme et la convention internationale qui les soutient ; instaurer en violation du droit du sol l’insécurité juridique pour des centaines de milliers de jeunes nés en France ; supprimer le regroupement familial en rupture avec le droit européen, établissant ainsi un lien entre immigration et terrorisme », a expliqué F Hollande dans un discours prononcé le 8 septembre qui est déjà un discours de campagne. « Les principes constitutionnels ne sont pas des arguties juridiques… La Constitution n’est pas un texte flexible avec des points de suspension, avec des parenthèses et la Déclaration des Droits de l’Homme n’est pas un vieux parchemin que l’on devrait encadrer pour le mettre dans les salles où nous recevons le public… Si nous voulions rallier les démocrates contre les terroristes, commençons par ne pas leur faire perdre leur âme ».

Laïcité accueillante

Le président a pris position sur l’Islam. « L’islam peut-il s’accommoder de la laïcité, comme l’ont fait avant lui le catholicisme, les religions réformées, le judaïsme ? Peut-il admettre cette séparation de la foi et de la loi, qui est le fondement même de la laïcité ? Ma réponse est oui, clairement oui. L’immense majorité de nos compatriotes musulmans nous en donnent chaque jour la preuve… », a -t-il déclaré. « La question se pose aussi à la République : est-elle réellement prête à accueillir en son sein une religion qu’elle n’avait pas prévue avec cette ampleur il y a plus d’un siècle ? Là aussi, je réponds oui, clairement oui. Rien dans la laïcité ne s’oppose à la pratique de l’islam en France pourvu – et ça, c’est le point essentiel – qu’il se conforme à la loi ».

Une école plus innovante

Mais le président s’est aussi intéressé à l’école. « Ce qu’il faudra faire dans les prochaines années, ce n’est pas simplement de réparer ce qui avait été détruit, puisque nous l’avons fait, ce n’est pas simplement de créer les postes qui avaient été supprimés, ou de faire des réformes qui étaient attendues, nécessaires. Non, l’ambition qui doit nous guider, c’est de permettre à l’école d’accomplir pleinement sa mission, en la rendant plus juste, plus innovante, plus ouverte sur la société, parfois plus autonome même pour décider de ce qu’elle a à engager ».

On soulignera l’apparition d’un nouveau terme : innovante. L’Ecole est interrogée en ce moment par différents mouvements qui se présentent comme des innovations. Or l’innovation a été délaissée ces dernières années par la rue de Grenelle.

Installé par George Pau-Langevin, le Conseil National de l’Innovation pour la Réussite Educative a immédiatement sombré dans l’oubli. Sa dernière apparition date de 2014 à propos d’une intervention sans suite sur les missions des inspecteurs.

Le discours de F Hollande pourrait le ressusciter à quelques mois des élections. La question de la gestion de l’innovation pédagogique par une administration centrale qui cherche à dupliquer les « bonnes pratiques » restera de toutes façons posée…

François Jarraud

Le discours de F Hollande

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