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« Ca fait 25 ans qu’il y a des bidonvilles en France et 25 ans que les enfants Roms ne vont pas à l’école au mépris du droit à l’instruction ». Le 27 septembre, le collectif pour le droit des enfants roms à l’éducation (Cdere) présente les résultats d’une enquête sur la scolarisation des enfants roms habitant en bidonvilles dans les locaux du Snuipp. L’enquête du Cdere montre que la majorité de cens enfants, souvent présents depuis des années, n’est pas scolarisée. Une rupture avec l’école qui découle en premier lieu des expulsions à répétition et des conditions de vie de ces enfants.

53% d’enfants déscolarisés

Exercice de conjugaison. « Je vois ces enfants. Tu vois ces enfants. Il, l’Etat, ne voit pas ces enfants ». Des enfants roms non scolarisés, j’en croise tous les jours dans les rues de Paris. Vous en croisez sans doute aussi. Mais l’éducation nationale, qui traque avec zèle les enfants scolarisés à domicile, ne les voit pas. Les services sociaux non plus. Les maires, trop souvent, encore moins.

Une situation sociale d’un incroyable brutalité s’est installée , en toute illégalité au point que l’on voit maintenant des maires, comme celui de Saint Ouen, revendiquer leur exclusion de l’école. D’autres maires agissent de façon plus sournoise pour obtenir le même résultat. L’administration de l’éducation nationale, selon le Cdère , ferait souvent de même par exemple en mettant 8 ou 9 mois pour faire passer les tests et affecter les enfants. Le temps d’atteindre les vacances d’été…

Selon le Cdère, un collectif d’associations, on compterait environ 2000 enfants roms vivant en bidonville. Le Cdère en a interrogé 161, soit un échantillon jugé représentatif.

Des expulsions qui aggravent les choses

Selon cette enquête, 53% de ces jeunes seraient déscolarisés. Ce serait le ca de 56% des filles et 50% des garçons. La déscolarisation est quasi totale à partir de 16 ans. Or près de la moitié de ces jeunes déscolarisés ont fréquenté l’école à un moment de leur vie en France ou en Roumanie.

L’idée la plus forte du collectif, c’est que la politique d’expulsion des bidonvilles joue un rôle premier dans la déscolarisation des enfants roms. Certains enfants ont été expulsés plus de 5 fois. A chaque fois il faut recommencer à chercher une école. Quand on n’a pas de certificat de radiation, ce qui est le cas le plus fréquent, l’enfant repasse par le Casnav, les tests . Cela se traduit par une interruption longue de la scolarité.

L’arrivée dans un nouveau bidonville se traduit souvent par une aggravation des conditions de vie et d’hygiène. C’est au autre moteur de déscolarisation, les parents ne voulant pas envoyer un enfant sale à l’école. Pour Guillaume Lardancht, porte parole du Cdère, « l’expulsion produit des effets contraires à la réduction des bidonvilles comme à la réduction des inégalités. Elle augmente l’exclusion et la marginalité ».

Françoise Denis, une enseignante de Upe2a et responsable Snuipp, souligne les effets traumatisants des expulsions. Elles mettent les familles dans des situations administratives encore plus difficiles.

Depuis 2013, des enfants redevenus invisibles ?

Le Cdère demande un arrêt des expulsions des bidonvilles. Il demande au contraire leur équipement notamment en eau et en électricité pour que les enfants aient un minimum d’hygiène. Le Cdère souhaite aussi que ces enfants deviennent enfin visibles aux yeux de l’administration. «  »Dans les années 1960 il y avait des assistantes sociales dans les bidonvilles. PLus maintenant. Il n’y a pas de volonté politique d’affronter cette question ».

En février 2013, George Pau-Langevin n’avait pas hésité à secouer son gouvernement en effectuant une visite officielle dans une Upe2a (classe d’accueil d’enfants arrivants allophones) à Triel (78). Là, elle avait pu constater que la scolarisation des enfants roms se passe fort bien. Une idée confirmée par l’enquête du Cdère qui montre que seuls 6% des enfants ne souhaitent pas aller à l’école. Elle avait choisi une commune et un département détenus par l’opposition où l’éducation nationale et les collectivités territoriales y mettaient du leur.

Depuis, en 2015, N Vallaud-Belkacem a visité le Casnav de Paris sur l’accueil des jeunes réfugiés. Elle avait promis des moyens pour les Upe2a au moment où la France avait annoncé vouloir accueillir 5000 jeunes réfugiés du Moyen Orient. Depuis 2013, les enfants roms des bidonvilles français, parfois nés en France, sont restés invisibles…

François Jarraud

Le site du Cdere

Visite de G Pau Langevin

Visite Vallaud Belkacem

Snuipp : Des outils pour la scolarisation des enfants roms

L’école , cette chance si fragile pour les enfants roms