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La différenciation pédagogique est-elle efficace ou est-ce juste un thème récurrent du discours officiel ? Vous en pensez quoi ? Votre avis intéresse le Cnesco et l’Ifé. Ils organisent début mars une quatrième conférence de consensus. Mais dès maintenant ils recueillent votre avis. Et ils vous invitent à participer au jury de la conférence. Jean-François Chesné, directeur scientifique du Cnesco, explique pourquoi ils ont besoin de vous..

La différenciation est un leitmotiv des réformes de ces dernières années au sens de différenciation pédagogique. Pourquoi organiser une conférence de consensus sur ce sujet ?

Justement parce que les réformes demandent aux enseignants, depuis des années, de prendre en compte les différences entre les élèves et d’adapter leurs pratiques à leurs rythmes d’acquisition des connaissances. Cette demande est d’autant plus forte avec la mise en place du socle commun, et la suppression du redoublement. Il faut mettre à disposition des résultats scientifiques qui accompagnent ces prescriptions. Des repères étayés par la recherche seront proposés aux équipes de terrain. Avec cette quatrième conférence de consensus, le Cnesco et l’Ifé/ENS de Lyon se donnent pour objectif d’apporter des réponses concrètes aux questions que les professionnels se posent.

Malgré tous les rappels, la différenciation progresse peu dans l’enseignement : comment l’expliquer ?

Un appel à adapter les pratiques ne suffit pas à les modifier. L’évolution des pratiques pédagogiques est un processus long qui demande, de plus, une formation continue spécialement adaptée et développée dans la durée. Ces difficultés sont renforcées dans les contextes difficiles, dans des classes chargées et avec des attentes diverses (enfants, parents, institution). Si on veut que les enseignants pratiquent la différenciation au sein de leur classe, il faut donc leur donner accès à des clés pertinentes et efficaces pour la mise en œuvre de cette pratique. La recherche nous apporte des éclairages sur le principe de différenciation, sur des raisons de différencier liées à des principes éducatifs essentiels, mais aussi à des caractéristiques individuelles des élèves, sur la manière dont on peut différencier, et en partie, sur les effets de la différenciation sur les élèves.

Quels objectifs fixez-vous à la conférence ?

Le premier objectif sera de définir ce qu’est la différenciation, ce qu’elle n’est pas, quelles en sont les différentes formes et ce que nous dit la recherche sur ses effets (pédagogiques, sociaux, institutionnels). Le deuxième objectif consistera à comprendre quelles sont les conditions de réussite de la différenciation et de ce que cela implique en termes de connaissance des élèves, d’intentions didactiques, de modalités de travail, individuelles ou collectives,… Le troisième objectif sera de présenter et d’analyser différents dispositifs déjà existants, leurs conditions de mise en œuvre et leurs effets.

A qui ferez-vous appel pour cette conférence de consensus ?

Comme pour chacune de nos conférences de consensus, nous sollicitons des experts de la thématique venant de champs variés comme la psychologie, les sciences de l’éducation, la didactique des disciplines ou encore la didactique professionnelle. Ces experts apporteront des réponses aux questionnements des acteurs de terrain durant les séances publiques de la conférence, les 7 et 8 mars 2017, à Paris.

Comment un enseignant peut-il y participer ?

Les enseignants, et plus globalement, les acteurs de l’éducation, pourront participer en deux temps. Nous les sollicitons dès maintenant, en amont de la conférence, à travers une revue de questions qui leur est destinée. Certains pratiquent déjà la différenciation dans leur classe, dans leur école ou dans leur établissement. D’autres n’osent pas encore se lancer et s’interrogent. Nous avons souhaité prendre en compte leurs retours pour construire cette conférence. Cette « revue de questions », à laquelle tous les praticiens peuvent participer, leur permet d’exprimer leurs interrogations sur leurs propres pratiques, et leurs besoins.

Les acteurs de l’éducation auront ensuite un rôle central dans la conférence, en intégrant le jury qui rédigera les recommandations du Cnesco et de l’Ifé/ENS de Lyon. Comme à chacune de nos conférences, enseignants du 1er et 2nd degrés, enseignants stagiaires, conseillers principaux d’éducation, psychologues, conseillers pédagogiques, inspecteurs, chefs d’établissement, … sont conviés à candidater pour intégrer le jury, Les candidatures peuvent se faire jusqu’au 26 octobre sur le site du Cnesco. Un tirage au sort sera ensuite effectué. Les membres du jury seront ensuite réunis durant deux journées et auditionneront les experts pendant les séances publiques. Le jury sera présidé par Marie Toullec-Théry, Maître de conférences à l’université de Nantes à l’ESPE de l’académie de Nantes.

La conférence mettra-t-elle en avant des exemples français ou étrangers ?

Bien sûr ! Au-delà de ce que l’on peut trouver en France, nos voisins francophones sont très avancés sur cette question de la différenciation, notamment en Belgique et en Suisse. C’est notamment pour cela que nous avons fait appel à Jean-Marie de Ketele, professeur émérite de l’université de Louvain (Belgique), pour présider cette conférence.

Ces exemples montrent ils une amélioration des performances scolaires ou la différenciation vise-t-elle d’autres objectifs ?

C’est tout l’objet de la conférence : à quoi sert la différenciation ? Les recherches semblent nous montrer que certaines formes de différenciation visent d’abord l’amélioration des performances scolaires, quand d’autres jouent aussi sur des compétences sociales ou motivo-affectives.

Propos recueillis par François Jarraud

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