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L’Association des professeurs d’histoire-géographie (APHG) tient congrès jusqu’au 22 octobre à Amiens. Durant quatre journées, des centaines de professeurs d’histoire géographie participent à des conférences, des ateliers et même un « Festival de l’histoire et de la géographie » qui déborde largement sur la ville le 22 octobre. L’APHG est aussi un acteur reconnu du système éducatif, amené à prendre des positions dans les débats éducatifs. Bruno Benoit, son président, fait le point sur les dossiers importants de cette année.

Quelle place tiennent les Journées nationales dans la vie de l’APHG ?

Ce sont des journées où on mêle l’histoire et la géographie mais aussi les travaux scientifiques avec les moments de convivialité. Les Journées sont aussi l’occasion de découvrir tous les 3 ans une nouvelle région, cette année la belle Picardie. On se retrouve. Et on discute de l’évolution du métier comme par exemple la réforme du collège.

Parlons-en. L’APHG a pris une position très critique. Pourquoi ?

On a d’abord demandé une relecture des programmes avec la suppression des modules optionnels pour que les enseignants puissent mener à leur rythme leur progression. Le ministère nous a entendu.

Puis, pour des raisons politiques et non pédagogiques, le ministère a décidé de mettre en place la réforme du collège en une seule fois à la rentrée. Enfin il met en place cette réforme avec des horaires diminués et en imposant une nouvelle approche pédagogique avec les EPI. Si au départ il a été possible de discuter, ensuite le ministère a imposé tout cela sans discussion.

Il y a une autre raison qui explique notre position. Nous jugeons cette réforme néfaste. Elle a pour but de lutter contre les inégalités et d’améliorer le niveau du collège. Mais le constat que nous faisons c’est que l’on va augmenter les inégalités pour les enfants qui vont changer de collège. Les EPI permettent aux collèges de regrouper des heures d’enseignement. Les enfants qui ne finiront pas leur collège dans le même établissement auront eu des visions du programme différentes alors que celui-ci est pensé comme un savoir fondamental.

Vous trouvez que l’histoire-géographie est marginalisée ?

L’histoire est utilisée par le pouvoir politique comme un objet de communication dans le contexte des problèmes de mémoire et des attentats, pour valoriser le vivre ensemble. Parallèlement l’histoire-géographie perd des heures d’enseignement. Au collège on passe ainsi à deux heures par semaine si on ne compte pas les EPI. Si on retire le temps dévolu aux devoirs on arrive à 25 ou 26 heures d’histoire par an pour traiter des programmes importants. Les collègues sont démunis. Alors l’APHG est montée au créneau.

Allez vous donner une consigne pour les élections présidentielles ?

Nous sommes une association. En 2012 on a fait savoir aux différents candidats ce que nous attendions , notamment le retour de l’histoire-géographie en terminale S. F Bayrou et F Hollande nous ont écouté et finalement l’histoire-géographie est revenue en terminale S. On va faire connaitre à nouveau nos demandes d’un horaire et de programmes ambitieux. On demandera aussi que l’enseignement moral et civique soit confié aux professeurs d’histoire-géographie.

Allez vous demander la suppression de la réforme du collège ?

Non. Cette suppression est impossible. Les manuels ont été publiés et distribués. Mais on va demander une relecture des programmes et on proposera des amendements. On veut aussi le retour de la demi heure perdue en histoire-géographie au collège.

Malgré les réformes, les travaux qui sortent sur l’enseignement de l’histoire-géographie montrent surtout une grande continuité sur les pratiques en classe. Partagez vous cet avis ?

C’est vrai. Pourtant il y a un débat vif sur l’enseignement du roman national. L’APHG est résolument contre le roman national mais pour un récit national qui construise du lien entre les jeunes.

Ceux qui imposent les réformes aujourd’hui sont éloignés des salles de classe. Les enseignants constatent les lacunes des élèves, même chez les « bons bacheliers ». Aujourd’hui il y a une réforme à faire sur la façon de réformer.

Propos recueillis par François Jarraud

Les Journées d’Amiens