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Régionalisation de l’éducation et autonomie des établissements sont les deux principes que la droite met en avant, avec la baisse du nombre d’enseignants, pour l’élection présidentielle. Les députés ont interrogé la ministre sur ces deux points le 10 janvier lors d’une séance de questions cribles.

« Pour faire face aux nombreux défis qui l’attendent ces prochaines années, la responsabilité de l’enseignement professionnel ne doit-elle pas être confiée aux régions ? », lui demande par exemple le député LR Frédéric Reiss. « Cela garantirait une plus grande cohérence entre les lieux de formation et les bassins d’emploi. Les régions… sont probablement plus qualifiées que les rectorats pour adapter rapidement le système de formation aux débouchés professionnels.. Par ailleurs, la gestion de l’enseignement professionnel par une seule entité permettrait de clarifier les débouchés.. et, au final, de contrer le manque d’attractivité injustifié dont souffrent les filières professionnelles auprès des familles et des élèves ».

« Ce que vous venez de décrire nous conduirait en effet à l’exact inverse : si cela relevait de la responsabilité des régions, les diplômes seraient régionaux. Cela existe en Allemagne : vous pouvez donc comparer et constater les difficultés que cela pose quand un Land décide de ne plus reconnaître le diplôme du Land voisin – c’est arrivé récemment, comme vous le savez sans doute. Pourquoi mettre ainsi en difficulté nos jeunes lycéens professionnels ? Si leur sort nous intéresse, et je n’en doute pas, il nous faut au contraire veiller à ce que l’enseignement professionnel soit choisi et non plus subi : c’est vraiment la problématique numéro un », répond la ministre qui rappelle la possibilité de revenir sur l’orientation jusqu’aux vacances de la Toussaint.

C’est un député radical, Jean-Noël Carpentier qui interroge sur l’autonomie des établissements.  » Tout en veillant à l’égalité républicaine, qui est essentielle ne pensez-vous pas qu’il faudra, à l’avenir, engager une réforme structurelle visant à donner davantage d’autonomie d’action aux établissements scolaires et aux collectivités locales, qui font beaucoup pour l’éducation, et faire davantage confiance aux acteurs de terrain que sont les enseignants et les parents ? », demande-t-il. « Je dirai que cela dépend de ce que l’on entend par autonomie », répond la ministre. « S’il s’agit d’une autonomie pédagogique, c’est-à-dire de la capacité donnée aux équipes d’adapter leur pédagogie et les réponses à apporter aux besoins de leurs élèves en consacrant plus de temps au français ou aux mathématiques en fonction de leurs difficultés, ou encore à l’art ou à la découverte du monde professionnel, c’est une bonne chose. C’est précisément ce que nous avons voulu développer dans le cadre de la réforme du collège… S’il s’agit d’une autonomie comme celle que prône la droite, à savoir une autonomie financière au nom de laquelle chaque établissement scolaire se comporterait comme une petite entreprise, le chef d’établissement recrutant lui-même ses enseignants, expliquez-moi en quoi cela garantit une éducation de qualité sur tout le territoire national, ce qui a priori devrait tous nous intéresser puisque nous agissons pour l’ensemble de la France ? Quelle égalité y aura-t-il le jour où les chefs d’égalité pourront recruter leurs enseignants ? Cela signifie que les chefs d’établissements cotés recruteront les meilleurs enseignants et que par définition, dans les territoires les plus difficiles, typiquement la Seine-Saint-Denis où on a tant de mal à envoyer des professeurs, ils seront encore moins nombreux ! »

Compte rendu