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On connaissait les circulaires, les arrêtés, les décrets. La ministre de l’éducation nationale a présenté le 1er mars un nouveau type de gouvernance : les engagements. L’administration s’engage à alléger la tâche des directeurs d’école par divers procédés administratifs. Ces « engagements » ne permettent pas seulement d’évacuer la question des créations de postes d’aides administratifs pour simplifier le travail des directeurs d’école. Ils évitent ainsi de poser la question récurrente du statut du directeur et des écoles. Question qui divise les syndicats et la profession…

Un nouvel objet administratif

« Diriger une école c’est assurer le bon fonctionnement d’ne institution à laquelle les français sont attachés ». Le 1er mars, N. Vallaud-Belkacem a remercié les directeurs d’école, « acteurs essentiels de la refondation ». Elle a rappelé l’amélioration des décharges, la mise en place de 15 000 contrats aidés pour le soutien administratif des 46 435 écoles publiques et la rédaction du référentiel métier.

Mais c’est à Florence Robine, directrice de l’enseignement solaire, et Frédéric Guin, secrétaire général du ministère, qu’est revenu la tâche de présenter le nouvel objet administratif du jour : les engagements.

F Robine les définit comme « une obligation permanente d’écoute vis à vis des besoins des directeurs et du pilotage du chantier permanent de simplification administrative par le ministère et un engagement des académies , des dasen et des IEN ». Elle évoque « un changement de culture administrative ».

Le numérique pour résoudre les problèmes sociaux

« Il est temps que les directeurs bénéficient des principes du 2d degré : un nombre plus restreint des enquêtes administratives » donne en exemple F Robine. Le portail ORQUESTRA , un outil de suivi des enquêtes, devrait alléger le travail des directeurs en donnant aux IEN un rôle dans la réalisation ds enquêtes. En fait l’IEN pourra suivre la réalisation de l’enquête et l’orienter et ORQUESTRA semble aussi un outil de controle du travail des directeurs.

C’est encore le numérique qui est mis en avant pour les engagements : le ministère promet un intranet spécifique dédié aux directeurs pourleur donner des informations utiles. C’est l’évolution de Base Elèves devenu ONDE au début de 2017 qui devrait proposer des lettres types , de la documentation.

Dans les 16 engagements on trouve encore « la sensibilisation des maires à la démarche de simplification des taches administratives », la promesse de mieux gérer la réunionnite à tous les niveaux, la diminution du nombre des enquêtes. Le ministère offrira aussi un parcours M@gistère de formation des directeurs.

Derrière les engagements, le statut de l’école

Alain Rey Photo Jarraud Café pédagogiqueQue valent ces « engagements » tardifs des administrations envers les directeurs ? « C’est une première », nous a dit Christian Chevalier, secrétaire général du Se Unsa. « Il va falloir qu’au niveau des rectorats et des Dasen il y ait des contacts avec les syndicats pour voir comment concrètement faire pour alléger la tâche des directeurs ». Pour lui ce changement de culture administrative n’empêchera pas de mettre sur la table la question de l’évolution du statut de l’école. « On réglera pas la question ds directions par des rustines comme les décharges et les indemnités. Il faut un vrai statut de directeur. Un statut d’établissement public du 1er degré permettrait de régler les difficultés comme les emplois administratifs. Les directeurs pourront alors se concentrer sur leur travail :l’animation pédagogique des écoles ».

Un avis partagé par Alain Rey, Président du Groupement de Défense des Idées des Directeurs d’école (GDID). « On est au milieu du gué », nous a t-il dit, « en l’état actuel on ne peut pas aller plus loin. La prochaine étape c’est la réflexion sur la notion d’établissement du 1er degré ». « Il est urgent d’ouvrir le chantier de la structure de l’école et de réfléchir à l’établissement publique du 1er degré », nous dit encore Adrien Ettwiller du Sgen Cfdt. Pour lui, cela permettra plus d’autonomie et de démocratie ».

Pour Francette Popineau, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu, « on aurait du commencer par apporter une aide concrète aux directeurs en pérennisant les postes d’aides administratifs et en créant des emplois. Car on ne réduira pas les tâches avec des engagements aussi sincères soient-ils ».

Engagement et remise à plus tard

Améliorer le statut des aides administratifs c’est un chantier que la ministre fixe pour le prochain quinquennat. Répondant à une question du Café pédagogique, elle estime « qu’à terme il faudra conduire pour les aides administratifs le même travail que pour les assistants de vie scolaire : faire de ces contrats précaires des contrats pérennes de longue durée ».

Objet nouveau dans la gestion du pays, on comprend alors que les « engagements » sont une réponse pour éviter d’apporter des réponses aux questions qui fâchent. Celle des emplois d’aides administratifs. Et surtout celle du statut des écoles qui divise profondément les organisations syndicales. L’engagement c’est la remise à plus tard, une pratique administrative moins innovante….

François Jarraud

Les engagements