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Qui a dit que les enseignants renâclaient à se former ? Depuis 18 ans les Cafés Géo font le plein. Mieux : ils se multiplient et développent sans cesse de nouvelles activités. Alors que la géographie est la parente pauvre du couple histoire-géo, ses Cafés fleurissent et réunissent à travers les générations un nombre croissant d’enseignants. Joseph Viney, président de l’association des Cafés Géo et professeur de géographie, présente ces formations spontanées. Le Café Géo c’est sérieux.

Ancrés dans le paysage depuis 18 ans, les Cafés Géo ont vu le jour à Paris avant d’essaimer au delà des frontières. Point de rencontre entre universitaires, enseignants du secondaires et simples amateurs, ils témoignent de nouveaux rapports au savoir et de l’émergence de nouvelles communautés.

Les Cafés Géo se sont multipliés. Il faut quoi pour que puisse vivre un Caf é Géo ?

Joseph Viney : Les Cafés Géo est une association née il y a 18 ans qui organise les rencontres des Cafés Géo et permet de les faire vivre à Paris, dans les régions et même au delà. Tous les Cafés Géo publient leurs activités sur le site Internet de l’association, qui est la vitrine des Cafés.

L’association apporte une aide à la pérennisation des nouveaux Cafés Géo souvent nés d’une rencontre. Ainsi à Amiens en 2016 le Café Géo est né de la convergence d’un passionné de géographie, d’un enseignant du secondaire et d’un universitaire. L’association les a mis en relation et le Café d’Amiens est né. Avec l’expérience on peut conseiller sur les lieux, les moments d’ouverture.

Il faut une UFR de géographie pour ouvrir un Café ?

Pas nécessairement. Par exemple le Café Géo de Saint Brieuc est sans relation avec l’antenne universitaire de la ville. Actuellement il y a 20 Cafés Géo dans des villes aussi différentes que Paris, Albi, Aix-en-Othe Bordeaux, Nantes, Chambéry, Grenoble ou Toulouse.

Quels thèmes attirent le plus ?

A Paris quand on programme un Café Géo au Flore on essaie de donner de la visibilité à de jeunes chercheurs. Par exemple en janvier on a organisé un Café sur la crise migratoire en Europe avec deux maitres de conférences de Paris 7. Un autre sujet qui marche beaucoup ce sont les thèmes qui sont aux concours, le Capes, l’agrégation mais aussi le concours d’Ulm. Parfois on organise aussi un café autour d’un acteur. Par exemple, récemment on a fait venir un agriculteur de la Beauce qui a parlé de son travail. On a aussi des thèmes qui renvoient à l’actualité. Par exemple, le prochain Café parlera de la gentryfication. Une fois par trimestre on organise un Café de géopolitique. Le dernier a porté sur le monde selon Poutine. Le prochain traitera des élections.

Vous comptez un gros tiers de professeurs du secondaire, à coté des étudiants et des retraités, lors de vos Cafés. Qu’est ce qui les pousse à venir ?

Ils viennent pour entendre une géographie qui est différente de celle délivrée par les manuels scolaires. Les Cafés redonnent de l’épaisseur à la géographie. Ils aiment aussi beaucoup les sorties de terrain que l’on fait une fois par mois à Paris. On a fait ainsi des sorties sur les iles de la Seine ou à Meudon. On a prévu une sortie sur les places parisiennes. On organise aussi des voyages à l’étranger. Le prochain aura lieu en Chine.

Du coup, participer à un Café géo c’est une façon de renouveler sa pratique en se tenant au courant de l’avancée de la géographie. Ainsi ce mois ci le Café avec C Grataloup, didacticien de la géographie, a beaucoup plu. Lors d’un Café géo on peut poser librement des questions, accéder facilement à des auteurs réputés.

La géographie est la parente pauvre de l’histoire-géo. Les Cafés Géo revalorisent la géographie ?

Les Cafés Géo disent depuis 18 ans que la géographie est vivante et qu’elle ne se réduit pas à celle qui est enseignée à l’Ecole. C’était déjà l’idée du fondateur, Gilles Fumey. La Géo ne s’arrête pas aux murs de la classe.

Propos recueillis par François Jarraud

Le site des Cafés Géo