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Préféré des enseignants, Emmanuel Macron a présenté le 2 mars son programme. Difficile de dégager une logique dans un programme où les préconisations peuvent s’opposer. Le meilleur point, la baisse réelle du nombre d’élèves en éducation prioritaire au cycle 2, s’opposant a ce qui semble être le pire, la mise en concurrence ouverte des établissements et des écoles. E Macron promet de défaire en partie la politique menée depuis 2012. L’Ecole a-t-elle vraiment besoin d’un nouveau « stop and go » ?

Le préféré des profs

Chouchou des enseignants, Emmanuel Macron est crédité, selon le Cevipof, de 29% des intentions de vote au premier tour, ce qui est davantage que dans les autres catégories de la société. Cela le met devant B Hamon (25%), JL Mélenchon (16%), Fillon (15%) et Le Pen (8%).

Peut-être est ce pour cela que l’éducation tient une place à part dans le programme d’E Macron :  » Le premier chantier sera celui de l’éducation et de la culture », dit-il, mettant en avant le souci de cohésion nationale.

Autonomie des établissements

La mesure phare du programme d’E Macron c’est l’autonomie des écoles et établissements. « Aujourd’hui : les chefs d’établissement et les équipes pédagogiques bénéficient de peu de latitude pour individualiser les parcours et s’adapter au contexte local… Demain : les chefs d’établissements et leurs équipes auront davantage de liberté dans l’élaboration de leur projet pédagogique, en contrepartie d’une responsabilisation accrue et d’une évaluation plus régulière », dit-il. Jusqu’où irait l’autonomie ? Peut être jusqu’au recrutement des enseignants et des élèves et l’organisation des enseignements. Come les « équipes pédagogiques » n’ont pas d’existence légale, l’autonomie sera-t-elle surtout celle des chefs d’établissements et directeurs ?

Selon le programme, les communes pourront organiser librement le temps scolaire, ce qui leur donnera la latitude de revenir sur la réforme des rythmes et sans doute sur le nombre de jours de classe.

12 élèves par classe en cycle 2

E Macron annonce la limitation à 12 élèves par classe des effectifs élèves dans les 12 000 classes de CP et CE1. Cela représente 6 000 postes qu’ils souhaite prélever sur les 54 000 créés sous Hollande, c’est à dire probablement au lycée. E Macron embaucherait 4 à 5000 enseignants supplémentaires sur le quinquennat, sans que le fléchage soit justifié.

Dans l’éducation prioritaire, les enseignants bénéficieraient d’une indemnité revalorisée à hauteur de 3000 euros par an. L’objectif c’est d’avoir des enseignants plus expérimentés (au moins 3 ans dit le programme).

Des avancées annulées par d’autres mesures

Ce soutien aux établissements difficiles est malheureusement annulé par d’autres mesures comme la mise en concurrence généralisée des écoles et établissements. En effet chacun devra publier ses résultats et chacun aura « une autonomie pédagogique et une autonomie de recrutement ». On pourrait voir s’accentuer la ségrégation entre établissement.

La réforme du bac, réduit à 4 épreuves, devrait accentuer les inégalités de réussite, si l’on en croit une étude du Cnesco.

De la même façon, l’avantage accordé aux enseignants de l’éducation prioritaire, pourrait être annulé par une autre mesure du programme Macron : la mise en place d’un seul système de retraite. Si les enseignants passaient, avec les autres fonctionnaires, au régime général, cela se traduirait par une hausse des prélèvements.

E Macron est peu convaincant sur la réussite des élèves. Il veut l’améliorer par la mise en place d’évaluations nationales depuis la grande section de maternelle jusqu’en 3ème. L’évaluation généralisée devrait conduire à un pilotage plus étroit en opposition avec la volonté d’autonomie. On se rappelle la volonté de N Sarkozy d’évaluer l’efficacité de chaque enseignant à travers ces évaluations nationales. L’autre mesure, la multiplication de l’accompagnement scolaire en faisant appel à des volontaires bénévoles, semble aussi un peu légère par rapport à un enjeu aussi fondamental.

Des mesures déjà existantes

D’autres mesures ont davantage retenu l’attention des médias. Ainsi E Macron veut « interdire l’usage du téléphone portable à l’école et au collège ». L’article L511-5 du Code de l’éducation établit pourtant déjà que « dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l’utilisation durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d’un téléphone mobile est interdite ». Difficile d’aller plus loin sans se mettre les parents à dos.

E Macron veut aussi « un enseignement du fait religieux ». Celui-ci est déjà au programme, notamment dans les cours d’histoire. Introduire une nouvelle discipline « fait religieux » à l’école semble bien difficile et pas très productif.

Si l’éducation est « la priorité » d’une éventuelle présidence Macron, la partie éducation de son programme semble encore à travailler.

François Jarraud

Le programme Education