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Décidée aux Etats-Unis suite à des mesures prises par le nouveau président Trump, notamment contre l’EPA, la marche citoyenne pour les sciences est entrain de prendre une dimension mondiale. Emmanuelle Perez Tisserant, membre du comité organisateur français, explique pourquoi la marche concerne aussi les enseignants français.

Pourquoi une « marche citoyenne pour les sciences » ?

Au départ c’est une réaction américaine contre le président Trump qui attaque les sciences. Mais cela dépasse ce cadre précis. Ce qu’on peut faire ou enseigner dans nos labos ou nos salles de classe a du mal à passer dans la société et chez nos décideurs politiques.

Il y a peu un candidat à une primaire française a appuyé les climatosceptiques en déclarant qu’il était arrogant pour l’homme de se dire responsable du changement climatique. Dans u tout autre domaine, les recherches sur l’immigration et l’intégration se heurtent aussi au discours politique. On trouverait bien sur d’autres exemples en biologie ou en physique.

On veut faire une marche qui n’implique pas que les scientifiques mais qui mette aussi dans la rue d’autres acteurs des sciences dures, humaine et sociales. On souhaite un vrai échange sur ces questions entre chercheurs et les citoyens qui pensent que les sciences apportent quelque chose à la société.

Pour vous la France est aussi menacée que les Etats-Unis ?

On en est pas là. Mais les scientifiques voient les obstacles se multiplier. Le problème des universités ce n’est pas le voile islamique mais d’abord l’état des locaux. Les sciences sont menacées par l’obligation d’entrer dans des projets énormes pour obtenir des financements ce qui consomme beaucoup de temps. L’injonction à innover et à produire des applications fait que les chercheurs prennent moins de risques et passent moins de temps en recherches théoriques. Du coup on limite le champ de la recherche.

Mais en quoi cela concerne les enseignants ?

Je suis maitre de conférences en histoire. Alors je vais prendre un exemple dans cette discipline. Les programmes d’enseignement d’histoire sont sous le regard constant des politiques. On les a accusé récemment de ne pas former à la chronologie, d’être trop politiquement corrects ou encore d’accorder trop d’importance au monde. On a voulu imposer l’enseignement d’un récit national ce qui est e contradiction avec ce qu’est l’histoire, une science qui s’intéresse à la façon dont les hommes vivent, aux causalités des événements. C’est une discipline qui demande un travail sur documents. Les élèves doivent faire de l’histoire pas seulement pour apprendre un récit national commun mais aussipour acquérir un esprit critique.

Quels sont les objectifs de la marche ?

On veut montrer que les citoyens se sentent concernés aussi par la science. Nous ferons des propositions pour améliorer le dialogue entre sciences société et politiques.

La date du 22 avril, veille de l’élection présidentielle, est-elle bien choisie ?

C’est une date mondiale qui correspond au Jour de la terre. Plus de 100 pays, près de 200 grands villes vont y participer. Impossible de changer la date !

Propos recueillis par François Jarraud

Le site de la marche