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« C’est d’abord par la formation que l’on se donnera les moyens de relever les défis auxquels doit faire face notre système éducatif ». Signé par 4 anciens présidents des conférences nationales sur la formation des maitres, cet appel invite les candidats à investir et revoir la formation des enseignants et principalement l’organisation des concours de recrutement.

Des évolutions nécessaires

Les signataires ont assumé d’importantes responsabilités au niveau national dans la formation des enseignants, et ce, dès son rapprochement avec l’Université. L’examen des programmes présentés à ce jour par les candidats à la fonction présidentielle, les amène à attirer solennellement l’attention sur le rôle crucial de la formation des enseignants comme levier d’amélioration du système éducatif.

Les critiques qui visent les difficultés de notre système scolaire s’appuient, le plus souvent, soit sur des évaluations ou données internationales trop globales, soit sur des situations particulières vécues localement. Mais c’est avant tout par la formation des enseignants que l’on relèvera les nouveaux défis qui se posent à l’institution scolaire ; or, après vingt-cinq années de modifications profondes et de turbulences, force est de constater, que des évolutions sont plus que jamais nécessaires et que la formation des enseignants, pour laquelle se posent des questions récurrentes, doit continuer à être l’objet d’une attention toute particulière.

Les acquis de la réforme de la formation des maitres

Même si elles ont été souvent contestées au début de leur mise en œuvre, les réformes successives ont modifié, au cours des dernières décennies, cette formation de façon irréversible.

Rappelons, en effet, les principaux acquis de cette évolution :

– le rapprochement des formations des enseignants du premier degré (instituteurs/ professeurs des écoles) et du second degré (professeurs des collèges et lycées) ;

– l’élévation de leur niveau de formation qui, actuellement, comme dans tous les pays développés, conduit à un diplôme de master (bac +5) ;

– l’intégration dans le système universitaire des organismes de formation, gage d’un lien solide et permanent avec les avancées de la recherche ;

– la prise de conscience que, comme pour tout métier, le métier d’enseignant s’apprend, que les compétences professionnelles nécessaires à son exercice ne peuvent se réduire à celles des disciplines traditionnelles et qu’un référentiel explicite de compétences doit préciser les objectifs à atteindre.

Tous ces aspects positifs ne sauraient faire oublier les difficultés énumérées dans de nombreux rapports, enquêtes, évaluations (rapports parlementaires et des inspections générales), auto-évaluations des usagers ou des Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education (ESPE).

Les points à revoir

La vocation de ce texte n’est pas de fournir un inventaire exhaustif des difficultés rencontrées, mais de pointer celles qui devraient en priorité faire l’objet d’une évolution :

– la place et la nature du concours de recrutement situé au cours de première année du master, ce qui induit pour une grande part une année de bachotage ;

– la surcharge des stagiaires de deuxième année de master qui doivent exercer en responsabilité un mi-temps de service dans une classe, suivre et valider des enseignements et, de surcroît, réaliser un mémoire professionnel ;

– la faiblesse des moyens et du volume horaire de la formation d’accompagnement à l’entrée dans le métier et, de façon plus large, de toute la formation continue ;

– l’insuffisance des moyens consacrés à la formation des professeurs de lycées professionnels, dont les filières devraient être rationalisées ;

– les enjeux et l’intégration des nouvelles technologies au long de la scolarité, la familiarisation aux médias écrits et audiovisuels, à l’utilisation critique des réseaux sociaux ;

– l’impulsion insuffisante de l’innovation, le besoin de développer la recherche en éducation en amplifiant les transferts vers la formation ;

– les conséquences sur les programmes et méthodes pédagogiques des effets du raccourcissement du temps scolaire annuel (l’équivalent horaire d’une année scolaire sur la scolarité durant le primaire).

Accorder la priorité à la formation

C’est d’abord par la formation que l’on se donnera les moyens de relever les défis auxquels doit faire face notre système éducatif, s’il veut permettre à chacun de trouver une place dans la « société de la connaissance », qu’il s’agisse de l’écart grandissant entre les performances des meilleurs et des moins bons, de l’enseignement dans les zones difficiles, de la gestion des élèves et des jeunes « décrocheurs », de la valorisation de la mission d’intégration de l’école, de diffusion des valeurs de la république, en particulier de la laïcité et de l’égalité filles-garçons,…

Ces ambitions exigent, comme le fit Jules Ferry, lorsqu’il entreprit de (re) construire l’école de la république, d’accorder une véritable priorité, assortie des moyens adéquats, à la formation de tous les enseignants.

Les signataires sont à votre disposition pour tout complément que vous jugeriez utile et resteront naturellement attentifs à vos propositions.

Raymond-Philippe Garry, Gérard Gonfroy, Jacques Pelous, Gérard Vaysse

Universitaires, anciens présidents des conférences nationales relatives à la formation des maîtres ayant consacré une grande partie de leur activité, en plus de leur implication dans la recherche et les formations disciplinaires, aux thèmes évoqués dans cette interpellation.

Raymond-Philippe Garry Pr de Chimie Université de Clermont-Ferrand

Gérard Gonfroy Pr Linguistique Faculté de Lettres et Sciences Humaines de Limoges

Jacques Pelous Pr Physique Université de Montpellier

Gérard Vaysse Pr Neurosciences Université de Toulouse

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