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C’est le point le plus important de la réforme de l’éducation nationale promise par Emmanuel Macron. Et sans doute le plus délicat à mener. Interrogé sur France Culture le 5 juin, Jean-Michel Blanquer a juste évoqué la réforme du bac qui ne serait plus « une forme d’évaluation finale de l’élève », mais « un tremplin pour la suite de son parcours ». Comprenez que la réforme du bac est liée à la sélection à l’entrée vers le supérieur. Un mot qui peut faire exploser les lycées.

Réforme du bac et sélection dans le supérieur

« J’ai toujours été un défenseur inconditionnel de l’existence du baccalauréat mais je pense qu’il faut qu’on retrouve son utilité profonde, qui est non pas d’être une forme d’évaluation finale de l’élève, mais… un tremplin pour la suite de son parcours », a déclaré Jean-Michel Blanquer sur France Culture le 5 juin.

Pour le ministre il s’agit de « remuscler ce baccalauréat pour lui donner plus de sens et pour le rendre plus utile, tout simplement, pour les élèves… Le baccalauréat non seulement n’est pas menacé de disparition, mais il a au contraire des perspectives d’évolution pour lesquelles le débat est très largement ouvert ».

Si le débat est ouvert, ses termes sont déjà fixés dans le programme d’Emmanuel Macron. Comme nous l’a confirmé l’équipe du candidat avant l’élection présidentielle, E. Macron veut réduire le bac à 4 épreuves en examen final. Ce nouveau bac permet une réforme de l’entrée dans le supérieur. Le bac ne donnera plus accès à n’importe quelle université. Chaque établissement supérieur pourra exiger un certain niveau dans les disciplines présentées à l’examen final du bac. Cette réforme permettra d’améliorer l’orientation et donc le taux de réussite des admis dans le supérieur.

Mais c’est bien la sélection à l’entrée dans le supérieur que va concrètement instaurer le nouveau président. Et cela de la façon la plus dure, puisque chaque université pourra fixer son seuil d’entrée. On peut gager qu’on va assister à une belle surenchère entre universités pour accaparer les meilleurs candidats et exclure les autres.

E. Macron a également prévu une réforme spécifique aux bacheliers professionnels. Il prévoit de créer des filières spécifiques au professionnel, des licences professionnelles commençant en L1. Le diplôme serait préparé en alternance.

Le précédent Fillon

Ces réformes auraient un effet budgétaire important sur le lycée où elles feront fortement diminuer le volume des options. Seuls comptera au final le niveau dans les quelques disciplines recherchées par les établissements supérieurs. Pour les lycéens du professionnel, de plus en plus nombreux dans le supérieur, elle ferait porter le poids de leur formation en partie aux entreprises.

Mais ce passage du bac certificat de fin d’études secondaires au diplôme d’entrée dans le supérieur, risque fort de mettre les lycéens dans la rue. Le projet d’E. Macron ressemble beaucoup à celui mené par F. Fillon, ministre de l’éducation nationale en 2005. Sa réforme du bac, ramené à 6 épreuves, avait mis dans la rue des milliers de lycéens et entraîné le blocage des établissements et leur déblocage systématique par la police. Au final, F. Fillon fut chassé du gouvernement et le bac resta immuable. On comprend que JM Blanquer mette en avant la concertation. Reste que le projet est inclus dans le programme présidentiel….

François Jarraud

Article 20 Minutes