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La rencontre annoncée difficile entre le nouveau ministre de l’éducation nationale et les parents de la FCPE s’est terminée mieux que prévu. Jean-Michel Blanquer a dû écouter les avertissements de L Moyano, présidente de la FCPE, première association de parents d’élèves. Il a subi les huées des délégués des parents. Mais il a su se faire écouter en annonçant la réouverture du chantier du calendrier scolaire annuel. En clair, l’idée d’un nouveau calendrier, avec des vacances d’été réduites, est relancée. Et sur ce point, la Fcpe et le ministre semblent d’accord.

Un accueil ferme de la Fcpe

« Y avait-il une urgence absolue à laisser aux communes le choix du calendrier scolaire ? 4 jours et demi ce n’est pas du dogmatisme. C’est bon pour les apprentissages, c’est l’Académie de médecine qui le dit ». En accueillant Jean-Michel Blanquer, le 3 juin, Liliana Moyano, présidente de la Fcpe, a vigoureusement rappelé les positions de l’association et prévenu « au CSE si ce texte ne change pas nous voterons contre.. Parce que nous croyons en l’égalité entre les élèves, parce que nous refusons la territorialisation de l’école ».

La présidente de la Fcpe s’en est pris aussi à la contre réforme du collège initiée par JM Blanquer. « Que pensez vous qu’il va se passer à la rentrée », dit-elle.. « Pour les bons élèves de la découverte. Pour ceux en difficulté, des devoirs en plus ». Pour la Fcpe, « l’autonomie doit servir l’égalité ».

Pour la Fcpe, « la priorité au primaire, les plus de maîtres que de classes, les 5 matinées vont dans le sens de la réduction des inégalités. Mais les résultats se traduisent dans le long terme. L’éducation a besoin de temps ».

« L’importance accrue des parents »

Photo FcpeChahuté par les parents à plusieurs reprises, le ministre de l’éducation nationale a appelé à « une nouvelle étape » dans la relation avec la Fcpe. « Je suis venu vous dire que les parents vont avoir une importance toujours accrue dans le mandat que j’exercerai », promet-il. « Je serai extrêmement attentif à vos propositions… J’écouterai la Fcpe avec une grande ouverture intellectuelle ».

« Je ne ferai pas de nouvelle grande loi sur l’éducation, de changement qui correspondent à des zig-zag », affirme-t-il avant d’aborder les changements de caps qu’il va impulser dans le système éducatif.

« Je ne changerai pas les programmes mais il y aura un travail de mise en place pédagogique », commence-t-il. Le ministre évoque aussi le collège . Selon lui, sa réforme ne « détruit pas les EPI ». Il regrette que la réforme Valllaud Belkacem « supprime des éléments d’autonomie comme les bilangues, les sections européennes , les classes de latin grec.. On a dit qu’elles favorisaient les inégalités … ce qui me paraît faux », ajoute-t-il.

JM Blanquer évoque aussi les « plus de maîtres que de classes » (PDM) et les dédoublements de CP. « On ne va pas casser les PDM », affirme t-il. « On va les reconcentrer sur les CP et Ce1 ».

De la semaine de 4 jours à l’année de 40 semaines

Mais le principal point de son intervention concerne la réforme des rythmes. Le ministre présente le 8 juin un projet de décret qui prévoit d’expérimenter le retour aux 4 jours de classe par semaine au primaire. « Là ou la communauté éducative et la commune sont satisfaites de la situation actuelle, je ne changerai rien », dit-il. « On ne reviendra pas à la semaine de 4 jours pour l’ensemble de la France… Mais dans les endroits où il y a l’insatisfaction des parents, où les enfants sont fatigués » la semaine de 4 jours sera mise en place.

« La certitude c’est qu’on doit mieux étaler le temps. Il ne faut pas seulement examiner le temps hebdomadaire des élèves mais le calendrier scolaire annuel.. Il y a 10 ans, le plus innovant c’était 4 jours avec début de l’année vers le 20 août. La discussion permettra la formule la plus adaptée ».

Le serpent de mer de la réforme de l’année scolaire

Le ministre rouvre ainsi un nouveau chantier , celui des rythmes annuels. Un chantier qu’il avait essayé de faire passer sous Luc Chatel avant que ce dernier ne l’enterre.

Rappelons-nous. Septembre 2010, Luc Chatel ouvre la consultation nationale sur les rythmes scolaires en nommant un Comité de pilotage de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires. Il fixe le calendrier de la réforme : propositions à la mi-janvier 2011 et remise d’un rapport d’orientation en mai 2011. Un délai qui permettrait des changements pour la rentrée 2012, après les présidentielles…

En septembre 2013, Vincent Peillon, aux prises avec l’opposition sur la semaine de 4 jours et demi, repousse la réforme des congés d’été. « Comme tous les Français l’ont observé, je suis en train de changer la semaine scolaire des enfants et cette réforme ne s’est pas faite en un an et va prendre deux ans. Lorsque nous aurons fini cette première réforme, nous commencerons les discussions pour lancer une autre réforme et voir les autres aspects du calendrier, dont l’année scolaire », avait-il dit.  » Pour autant, le ministère de l’éducation nationale confirme que des discussions s’ouvriront en 2015 quant à une évolution possible des rythmes scolaires annuels », affirme un peu plus tard un communiqué de la rue de Grenelle.

Et ça recommence en 2015. Avril 2015, N Vallaud Belkacem écarte l’idée d’une réduction des congés d’été. « Il ne s’agit pas de bouleverser la donne » dit-elle. « Le cadre légal actuel (36 semaines de cours) est le bon. On est allé le plus loin possible dans ce que permet le consensus », dit-elle.

Juin 2017 : quelques semaines seulement après l’élection présidentielle, le ministre de l’éducation nationale ouvre à nouveau ce chantier, qu’il a bien connu quand il était à la tête de la Dgesco entre 2010 et 2012. L’idée d’une année scolaire de 38 ou 40 semaines de cours, au lieu de 36, est relancée.

François Jarrraud

Chatel 2010

V Peillon en 2013

Vallaud Belkacem en 2015