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La deuxième journée fut en fait la journée des inaugurations : celle du colloque scientifique avec les conférences de Jean François Cerisier (Techne Poitiers) et celle de François Taddei (CRI Paris) ; celle de la visite des officiels suivi de la table ronde institutionnelle rituelle et enfin celle de la soirée de Pecha Kucha, mi-festive, mi sérieuse, soirée qui met en scène quelques réflexions sur les thématiques de la semaine. Etonnante journée qui a vu de plus en plus de participants arriver au cours de la journée et pour autant ne pas remplir les salles des conférences proposées, comme celle de CLICx, journée de la classe inversée qui, bien que riche et variée en propositions, a surtout été orientée échange de pratiques.

C’est donc cette fameuse rencontre des enseignants qui pratiquent les classes inversées qui a été au coeur des premiers instants de cette deuxième journée, autour de l’association des Classes inversées qui a désormais obtenu une reconnaissance assez générale dans le monde de l’enseignement. Particularité, toutefois, cette reconnaissance ne se fait pas sur les technologies mais surtout sur la pédagogie. C’est pourquoi, rencontrant quelques enseignants mais aussi orthophonistes et éducatrices, nous avons noté ce souhait que Ludovia n’ait pas que cette image technologique, mais bien plutôt une image pédagogique :  » certains enseignants ne viennent pas à Ludovia par sentiment que le numérique est premier par rapport au pédagogique ». Ce sentiment exprimé dès les premiers moments de la matinée est celui que nous avons ressenti dans la suite. Dès l’intervention de Jean François Cerisier évoquant le lien entre culture et numérique il a été question de forme scolaire et de cadre nécessaire, mais aussi contraignant. Dans la suite de la matinée, des échanges et des communications nous ont montré que si la technique est omniprésente, elle ne peut se faire une place sans des comportement humains qui chez les éducateurs comme chez les bibliothécaires des universités sont encore frileux.

Au début de l’après-midi, François Taddei, dans le registre que ceux qui le connaissent, a pu montrer les propositions issues du rapport, écrit avec Catherine Becchetti Bizot, qu’il a rédigé pour la précédente ministre de l’éducation. Ce qui ressort principalement c’est que le thème de l’apprendre d’une part et celui du collectif apprenant sont désormais le cadre de base de toute réflexion sur l’enseignement scolaire. « Faut-il réduire l’éducation et l’enseignement à l’apprendre ? » questionnent certains scientifiques et plusieurs enseignants surpris de ce discours. On pourra remarquer qu’alors que F Taddei parle de sciences de l’apprendre et d’établissement apprenant, l’IFE (Institut François d’Education) qui a pourtant organisé des colloques sur ce sujet et dispose d’un réseau de lieux d’enseignement associés (LEA) est totalement absent de la manifestation (pourtant, le Centre Alain Savary fait un travail important pour la formation des enseignants par et aussi au numérique).

L’inauguration « politique » s’est effectuée au milieu de l’après-midi en présence des académies de l’Occitanie (Toulouse Montpellier) et de Nouvelle Aquitaine (Bordeaux Limoges, Poitiers). Après un tour en procession des différents stands et tentes installées sur le site, c’est dans la salle des conférences que la rituelle table ronde institutionnelle a eu lieu. Malheureusement, celle-ci ressemble étrangement à celle des années précédentes et on n’y apprend rien de nouveau. Bien au contraire certains intervenants font œuvre d’un langage convenu et vide de sens. Même si au milieu de ces échanges d’une triste banalité, quelques propos ont pu donner à penser, ils sont rares et montrent la nécessité d’amener les décideurs, politiques et académiques, à revoir leurs postures, leur langage et même leur point de vue : on a l’impression que les décideurs n’ont aucune vision globale du développement du numérique autre que celle d’une proposition « égalitaire » et surtout pas innovante (les échanges sur l’innovation au niveau des établissements a été d’une étonnante pauvreté). Tout est bien dans le meilleur des mondes !

La fin de journée, avant le, lui aussi déjà rituel, Pecha Kucha, a surtout été le temps d’échanges et de rencontres informelles qui tout au long de ces journées sont finalement le meilleur de Ludovia. Là encore, la question pédagogique a été à l’ordre du jour et des débats. La rencontre avec des chercheurs de l’INRIA, de personnels des académies, des départements et autres est vraiment le moment de croiser des regards, d’échanger des références, des expériences, mais aussi avec humour des bières (Val d’Ax, producteur local) ou des boissons de type citronnades au moment des repas préparés par les producteurs locaux. Dès demain les échanges reprennent, il nous faudra voir si cette question de la pédagogie est encore centrale et s’il faut aller chercher dans les conférences et autres échanges, de nouvelles idées. Car il faut bien le constater, sur un plan strictement technique, il n’y a rien de neuf dans les propositions de constructeurs et autres concepteurs ! Il faudra aller voir les explorcamps, moments de partage très ouverts pour tenter de trouver des pratiques susceptibles de trouver un écho et la passion renouvelée pour le numérique éducatif. Car il faut bien le dire, pour l’instant le ministère de l’éducation reste bien silencieux, malgré la présence du Directeur du Numérique pour l’Education et plusieurs de ses collègues de la DNE.

Bruno Devauchelle

Ludovia jour 1