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 » Nous comprenons mal en quoi une baisse des heures d’enseignement serait à même d’élever le niveau de formation des élèves ». Reçue par la mission Mathiot, l’Apses, association de professeurs de sciences économiques et sociales, fait le point sur les réformes du bac et du lycée et interpelle la mission sur les aspects les plus dérangeants.

C’est très clair. L’Apses manifeste des doutes sérieux sur la réforme du bac et celle du lycée. L’association pose des questions que peu d’associations professionnelles avant elle ont osé poser à la toute puissante mission Mathiot.

« En première comme en terminale, le volume horaire d’un élève serait limité à 25H par semaine, alors qu’il s’échelonne de 26h30 à 30H dans les séries générales actuelles. Si nous partageons l’objectif d’un égal volume horaire selon les séries, nous comprenons mal en quoi une baisse des heures d’enseignement serait à même d’élever le niveau de formation des élèves », demande ainsi l’Apses. Elle demande « a minima un volume horaire correspondant au volume horaire moyen des actuelles séries générales ».

L’Apses reléve aussi l’inégalité de traitement entre les 3 séries actuelles du lycée.  » L’étude des 9 possibilités de combinaisons de majeures fait apparaître que 4 d’entre elles ont une coloration scientifique, 3 une coloration littéraire, et 2 seulement une coloration sciences humaines et sociales ». L’Apses demande que les sciences humaines soient traitées à égalité, par exemple avec des combinaisons SES/langues, SES/philosophie ou SES/Lettres.

Pour le bac, l’Apses souligne « la difficulté à maintenir l’implication des élèves une fois l’épreuve terminale passée » en terminale : dans le nouveau bac les épreuves des majeures auront lieu en mars.

Mais c’est surtout l’analyse des non dits sociaux de la réforme qui signent la participation de l’Apses au débat. « Si les mineures devaient être librement choisies par les élèves, cela serait très certainement source d’inégalités sociales entre ceux dont l’origine permettrait de réaliser un choix « d’initiés » et les autres, particulièrement dans un contexte où les universités vont localement établir des listes « d’attendus » qui ne pourront pas être décryptées par tout le monde », souligne l’Apses à propos du libre choix par les élèves des disciplines suivies au lycée. « Pour l’APSES, les mineures proposées devraient dépendre des combinaisons de majeures choisies, celles-ci pouvant elles-mêmes être regroupées selon des « parcours» plus clairement identifiables ».

L’association relève les mêmes menaces d’inégalités sociales dans la définition du futur bac. « L’APSES est particulièrement attachée à des épreuves de baccalauréat terminales et anonymes et ne considère pas souhaitable l’élargissement de l’évaluation en contrôle continu qui se profile… Préparer un grand oral interdisciplinaire de 30 minutes est un exercice nouveau et a priori complexe pour les élèves. Il peut être source d’inégalités sociales. La réussite d’une telle épreuve ne peut être construite qu’en assurant un fort encadrement des élèves, sur le long terme et en co-intervention des professeurs dont les disciplines sont concernées. A cet égard, si cet oral devait être mis en place, il nous paraitrait tout à fait indispensable que des créneaux horaires spécifiques soient prévus dans les emplois du temps des élèves et des enseignants ».

F Jarraud

Contribution Apses