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A 11 heures le 15 janvier, Parcoursup, la nouvelle plateforme d’orientation, ouvrira pour près de 900 000 lycéens et étudiants. Présentée par les ministres F Vidal et JM Blanquer comme « une procédure simple, juste et transparente », Parcoursup est dénoncée comme une rupture dans la démocratisation de l’enseignement supérieur par des enseignants comme des lycéens.

Le symbole d’une nouvelle politique malthusienne

« Ils seront la génération pionnière, la première génération à bénéficier d’un système qui met fin au hasard aveugle et permet une orientation personnalisée », déclare JM Blanquer le 12 janvier. « Ce sera plus simple de faire des choix », promet F Vidal le même jour.

Parcoursup porte tous les espoirs de la nouvelle politique éducative du gouvernement. La plateforme ouvre le 15 janvier à 11 heures. Du 15 au 22 janvier elle permet juste de découvrir ses tutoriels sur le calendrier et les voeux. Le ministère promet également une FAQ dès le 15 janvier.

Le calendrier

Du 22 janvier au 13 mars, les élèves devront saisir leurs voeux. Parcoursup offrira des informations précises sur les formations, les enseignements, les attendus, les débouchés et les capacités d’accueil. Chaque lycéen pourra faire jusqu’à 10 voeux pour des formations sous statut étudiant et 10 pour des formations en apprentissage. Les voeux ne seront plus hiérarchisés et concerneront tout le territoire.

Puis du 22 mai au 21 septembre les établissements de l’enseignement suéprieur émettront un avis sur chaque voeux. Le tri se fera selon la moyenne des résultats des deux premiers trimestres et le classement dans la classe. Elle prendra en compte également l’avis du chef d’établissement. Tout cela sera transmis pour le 4 avril.

Des oppositions

Voilà pour la communication officielle. Car la procédure suscite des oppositions de tous les cotés. Chez les universitaires, plusieurs établissements ont bloqué la procédure en refusant d’émettre des attendus.  » Au regard de la charge de travail administratif actuelle de la plupart des enseignants-chercheurs, au regard de leur nombre même, l’examen dans un laps de temps forcément resserré des dizaines de milliers de dossiers annoncés relève d’un tour de force devant lequel même les moins critiques devraient éprouver quelques perplexités. Cette réforme est impossible à mettre en œuvre dans le calendrier et les conditions prévus », estime le collectif Sauvons l’université. Il dénonce  » l’augmentation de la différence de traitement entre les universités (au nom de leur « autonomie »), la concentration des moyens sur certains sites aux dépens d’autres (au nom de l’« excellence »), des phénomènes de concentration ou, symétriquement, de marginalisation (au nom de la « concurrence »), le creusement du fossé entre premiers cycles universitaires et masters ».

Dans le second degré, Benoit Teste, secrétaire général adjoint du Snes, décrit des « tensions » dans les établissements secondaires notamment du fait des incertitudes sur l’orientation des lycéens. « Les conseils de classe du second degré vont arriver sans qu’on ait de précisions sur la manière dont le Parcours sup va fonctionner », dit-il. « Quelles informations donner aux élèves ?… On nous demande de nous prononcer sur des milliers de formations sans les connaitre. On ne va pas donner de consignes mais on appellera les collègues à ne pas donner d’avis bloquant ». Pour B Groison, secrétaire générale de la Fsu, la nouvele procédure instaure la sélection à l’entrée dans le supérieur.  » On se contente de gérer les flux en organisant la sélection », dit-elle.

Une sélection renforcée

Du coté des lycéens, le SGL craint une double sélection nationale et locale.  » On a une hausse du nombre d’étudiants. En face le ministère nous dit qu’il y a 200 000 places libres. Mais elles le sont parce que personne ne veut les prendre. Ce sont des filières qui n’intéressent pas », nous a confié Ugo Thomas, président du SGL. « Dans Parcours Sup 900 000 candidats vont entrer 10 voeux. Comment seront gérés en un temps court ces 9 millions de voeux ? En fait chaque université va faire son petit algorithme pour trier les candidats. Elles utiliseront les notes et les moyennes car c’est la seule donnée chiffrable. On doute fort que les dossiers soient réellement regardés. Toute cette histoire de motivation des candidats c’est sympathique. Mais la réalité c’est que les universités n’ont pas les moyens de traiter les dossiers et de faire face à l’afflux des candidats. Il y aura donc la sélection des attendus et en plus celle des universités dans la façon de traiter les dossiers ».

Parcoursup semble davantage destiné à gérer les flux étudiants en rentabilisant toute l’offre sur tout le territoire national qu’à offrir à chaque jeune une formation relative à ses voeux. Parcoursup met en concurrence les universités au niveau national alors que, pour la première fois, l’accès au supérieur n’est plus garanti aux bacheliers. Le nouveau système devrait faciliter l’accès aux formations recherchées des lycéens des établissements les plus favorisés et décourager la poursuite d’études des lycéens défavorisés soumis aux nouvelles exigences de la libre concurrence entre formations.

F Jarraud

Parcoursup

Sauvons l’université

La Fsu inquiète de Blanquer

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