La Cinémathèque française consacre une exposition d’envergure à un cinéaste exceptionnel, et à un homme hors du commun, Chris Marker, qui fut tout à la fois, des années 40 à 2012, écrivain, réalisateur, voyageur, photographe, musicien et artiste multimédia. Elle montre son parcours complexe, de la Seconde Guerre mondiale à sa mort en 2012, à partir des innombrables archives de toute nature et sur tout support qu’il a laissées à la Cinémathèque. L’exposition est aussi un voyage dans les grands mouvements politiques depuis un siècle, les espoirs et les élans, mais aussi les tragédies dont Marker a été le témoin engagé, le critique attentif. L’exposition est en même temps un voyage dans l’espace, à la surface de la planète, aux côtés d’un infatigable globe-trotter, curieux du monde et de ses habitants. Les lycéens sont particulièrement attendus, visites guidées, projections commentées leur sont proposées.
Une œuvre protéiforme et novatrice
Insistant sur la diversité des réalisations de Chris Marker et sur les correspondances entre différents modes de création, l’exposition est une présentation synthétique de sa trajectoire. Elle est un voyage dans les moyens d’expression qu’il a inlassablement explorés, le cinéma bien sur mais aussi l’écriture, la musique, le graphisme, la photo, les arts visuels, la vidéo, les arts informatiques. Elle suit pour l’essentiel un ordre chronologique tout en proposant des bifurcations dans le temps, selon une méthode chère à l’auteur de « La jetée » son film culte réalisé en 1962. L’œuvre de Chris Marker témoigne d’une multitude de pistes artistiques et intellectuelles, en même temps qu’une cohérence dans son parcours et ses engagements. De nombreux événements historiques ont scandé son existence faisant de cette œuvre le témoin des grandes révolutions du XXème et XXIème siècle. Chris Marker s’avère un guide incomparable.
Une exposition chronologique et thématique
L’exposition est organisée en six grandes zones : « Guerre après-guerre », « Les statues meurent aussi », « Grandes et petites planètes », « La Jetée », « Mai 68, avant-après », « Tous les espaces-temps ». Foisonnante et ludique, cette exposition donne accès à de nombreux documents et objets souvent inédits. On y découvre en particulier les œuvres originales qui lui avaient été offertes par de grands artistes, ses propres créations plastiques jusque-là inconnues, ainsi que le programme de discussion avec un ordinateur qu’il avait conçu, Dialector. Des entretiens avec des proches qui ont été témoins de son travail aident à comprendre ce personnage exceptionnel. Mais les films restent le pivot de l’exposition, et ils sont omni présents. Structurée autour de films emblématiques comme « La jetée », « Les statues meurent aussi », « Le fond de l’air est rouge », films qui ont produit un impact considérable sur différentes générations d’intellectuels et de créateurs, l’exposition met en lumière la contemporanéité du projet intellectuel et artistique de Chris Marker.
Autour de l’exposition
L’exposition est accompagnée, dans les salles de la Cinémathèque, par l’intégrale des films, vidéos et programmes télévisés réalisés par Chris Marker. La série télévisée, « l’Héritage de la chouette » qui explore les usages contemporains de la pensée grecque, est intégralement retransmise. Seront également projetés les films auxquels il a collaboré et le documentaire récent que lui ont consacré Jean-Marie Barbe et Arnaud Lambert. La Cinémathèque programme aussi les grands films classiques particulièrement aimés de Marker et avec lesquels ses propres réalisations dialoguent. L’exposition et la rétrospective sont enfin l’occasion de plusieurs rencontres, débats avec des spécialistes de l’œuvre de ce cinéaste militant, témoin engagé de son époque.
Pour le public scolaire
Les professeurs peuvent organiser des visites autonomes ou opter pour la visite guidée d’1h30, proposée aux lycéens de la seconde à la terminale, qui fait découvrir le parcours foisonnant de ce cinéaste hors du commun, et qui insiste sur la diversité de ses réalisations et sur la cohérence qui les relie. Les différentes pratiques artistiques de Chris Marker sont mises en relations avec les évènements historiques, culturels et géopolitiques auxquels il a participé et dont il a été témoin, tout en accordant une place particulière aux évènements révolutionnaires qui parsemèrent le monde dans les années 60. Les lycéens ont également à leur disposition un parcours de 2h30, « Marker, l’homme monde ». À partir d’extraits de films vus à l’issue de la visite, les élèves découvrent et analysent ce travail singulier qui entremêle documentaire et pensée, cinéma et poésie. Toutes les activités se réservent auprès du service groupes.
Béatrice Flammang
L’exposition « Chris Marker. Les 7 vies d’un cinéaste »
