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Samedi 12 mai à 10 heures des enseignants et parents d’élèves de Bobigny se sont rassemblés sur le parvis de l’hôtel de ville pour défendre une « école publique de qualité ». Ce rassemblement révèle la colère d’enseignants du premier et second degré mais aussi celle de parents. Les syndicats enseignants étaient fortement représentés avec Sud éducation 93, SNuipp 93, Snes Fsu, Cnt éducation 93, Cgt éduc’action et la Cgt des territoriaux de Bobigny.

Stéphanie Lioté du SNUipp 93 nous explique que cette volonté de se réunir dans une action commune a émergé lors des différentes assemblées générales qui se sont déroulées lors des précédentes grèves. Des parents d’élèves et des enseignants, premier et second degré, se sont retrouvés le mardi 10 avril et ont dressé un bilan des problématiques qu’ils rencontrent. Si certaines de ces problématiques sont propres à la ville de Bobigny, d’autres sont identiques au reste du territoire séquano-dyonisien. Le constat est sans appel :

– Un enfant de Bobigny, comme dans toute la Seine saint Denis, perd l’équivalent d’une année scolaire de la maternelle à la terminale du fait des non remplacements.

– L’État dépense 1,5 fois plus d’argent pour un élève parisien que pour un élève de Bobigny.

– Il n’existe qu’un demi-poste de médecin scolaire pour tout Bobigny, soit un demi-poste pour 20 000 élèves.

– Dès l’année prochaine, les établissements du secondaire seront surchargés. Les quatre collèges de Bobigny ont déjà atteint leur seuil de sécurité.

– D’année en année les établissements perdent des moyens.

 » De ces constats ont découlé des revendications. Nous étions une soixantaine de personnes à cette assemblée générale, et nous avons décidé un rassemblement » complète Pauline Guittot, de Sud éducation 93.

Le collectif réclame :

– Des enseignants remplacés, quand ils sont absents, par des enseignants formés. En effet, l’éducation nationale fait, de plus en plus souvent, appel à des contractuels pour ces missions. Alors, certes, ils sont présents mais pas formés, ce qui pose de réelles difficultés dans les écoles et établissements. « La FCPE 93 a calculé, lors de la campagne d’octobre 2016, la moyenne d’heures de cours perdues par collégien séquano-dyonisien sur une année. Elle est de 3 semaines sans compter le mois de juin. Ce qui fait un total de 6 semaines par an par élève en collège. Donc 24 semaines sur les 4 années de collège » détaille Pauline.

– Un plan informatique pour le primaire. Stéphanie dresse un bilan éloquent : « le matériel est obsolète. Bobigny est l’une des dernières villes de Seine Saint Denis à ne pas être dotée de TNI. Il n’y en a même pas un par école ! ». Quant à Pauline, elle explique que sur le second degré, ce n’est guère mieux : « Nous avons très peu de matériel. Certaines classes n’ont même pas d’ordinateur. Et puis, il n’y a pas Internet. Dans les collèges, le conseil général a investi dans des ordinateurs qui ne fonctionnent pas bien sans moyens suffisants pour les entretenir. »

– Des moyens humains supplémentaires, tels que les AVS qui ne sont pas renouvelées ou des Atsems, formées, dans tous les niveaux de classe en maternelle.

– Des enseignants mieux formés. La Seine Saint Denis accueille 1100 enseignants stagiaires, pour le premier degré. Cinquante sont affectés à Bobigny. Le SNUipp-FSU 93 veut une véritable formation et un accompagnement conséquent pour débuter. Il demande que les stagiaires ne soient pas en pleine responsabilité de classe mais qu’ils bénéficient d’une mise en responsabilité progressive avec des stages d’observation et de pratique. Le syndicat revendique un concours en fin de L3 (licence 3) suivi de 2 années de formations rémunérées sous statut de fonctionnaire et reconnues par un master.

– Concernant les CP et CE1 dédoublés, Pauline explique que la mairie de Bobigny ne fera aucuns travaux, « les locaux seront insuffisants pour accueillir chaque classe de CP voire de CE1. Ce sont les enseignants qui devront s’organiser. »

– Quant aux réseaux d’aide spécialisé aux élèves en difficulté (RASED), le collectif demande leur reconstruction. « Avant 2008, il y avait 14 maîtres E, 3 maîtres G et 5 psy » détaille Stéphanie.

– La hausse du nombre de collégiens nécessiterait la construction de deux nouveaux établissements.

Ainsi, les revendications d’adressent à l’éducation nationale mais aussi aux collectivités. Un courrier a été adressé au DSDEN, au maire de Bobigny et au président du conseil général.

Le rassemblement a réuni plusieurs dizaines de personnes, chacun des participants a pu laisser une trace de son mécontentement en l’écrivant sur un « mur » de revendications.

Lilia Ben Hamouda