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Annoncée par L’Etudiant, la note de service sur les enseignements de spécialité prévus dans la réforme du lycée est publiée au BO du 6 septembre. Elle établit une gestion des spécialités de 1ère et terminale au niveau d’un bassin de formation pour 7 d’entre elles. Pour les 5 autres la gestion sera au niveau académique voir national. La note donne donc toute latitude aux recteurs pour redistribuer la carte des formations à la rentrée 2019 et concevoir de nouvelles cartes scolaires. Dans la nouvelle administration mise en place par JM Blanquer ce n’est pas l’Etat qui doit offrir un service éducatif égal aux jeunes, ce sont eux qui doivent s’adapter à l’effort de l’Etat…

Redistribution des cartes académique ou locale

La réforme du lycée va entrer en application en seconde et en première à la rentrée 2019, en terminale à celle de 2020. La note organise la mise en place des enseignements de spécilaité et la façon dont les élèves feront leur choix.

Elle distingue d’office 5 spécialités (spécifiques (arts, littérature et LCA, ainsi que numérique et sciences informatiques, et sciences de l’ingénieur et biologie écologie) qui feront l’objet d’une carte académique ou même nationale. La biologie écologie ne sera proposée que dans les lycées agricoles.

Pour les 7 autres spécialités (histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ; humanités, littérature et philosophie ; langues, littératures et cultures étrangères ; mathématiques ; physique-chimie ; SVT ; SES), le recteur « arrête la carte académique des enseignements de spécialité en veillant à l’équilibre et à leur bonne répartition dans le cadre géographique adapté au territoire, qui représente le niveau de premiers échanges avec les établissements de ce périmètre (secteur géographique, bassin de formation, réseau d’établissements, etc.) ». Chaque lycée ne disposera donc pas des 7 spécialités. Mais elles devront être présentes sur le territoire de référence retenu par le recteur qui pourra être étroit (réseau d’établissements) ou beaucoup plus large (bassin de formation).

La note rappelle les regroupements souhaitables : humanités, littérature et philosophie ; langues, littératures et cultures étrangères ; histoire géographie, géopolitique et sciences politiques ; sciences économiques et sociales ; mathématiques ; physique-chimie ; sciences de la vie et de la Terre. « Ces enseignements de spécialité doivent pouvoir être accessibles dans un périmètre raisonnable », rappelle la note. « Dans le cas d’un établissement isolé, l’enseignement de spécialité non présent dans l’établissement est assuré par le biais du Cned. Deux établissements voisins peuvent au moyen d’une convention organiser collectivement l’offre des enseignements de spécialité ».

Des suppressions de postes à craindre

Interrogé par le Café pédagogique, le ministre avait dit que « la réforme n’est pas faite pour des raisons économiques ». Il avait annoncé une réforme sans réduction de moyens.

Mais la situation devrait être bien différente. D’abord parce que les nouvelles grilles horaires proposent moins d’heures de cours. Ensuite parce que la disparition des séries a un effet d’aubaine. Les élèves sont mélangés pour les enseignements du tronc commun, là où aujourd’hui il faut prévoir des classes différentes selon les séries. Cela optimise le remplissage des classes…

Surtout les textes n’imposent pas une offre scolaire minimum dans chaque lycée. Chaque recteur va pouvoir proposer une offre adaptée à sa situation réelle d’effectifs enseignants au lieu de faire le contraire.

Enfin l’offre scolaire va fortement varier selon les lycées. La note devrait donc encourager la concurrence entre les lycées, les établissements les plus recherchés étant mieux dotés que les autres.

Les proviseurs en difficulté en 2019

La note fixe également le calendrier de mis en place des spécialités. « Le recteur d’académie arrête la carte des enseignements de spécialité au plus tard au début du mois de janvier précédant la rentrée scolaire après avis des instances consultatives compétentes, en veillant à inclure les représentants des établissements de l’enseignement privé sous contrat dans cette démarche de concertation. À partir de cette carte, les établissements construisent, en fonction de leurs projets et des spécificités locales, les propositions de combinaisons d’enseignements de spécialité qui feront l’objet d’un échange entre les autorités académiques et l’établissement, dans le cadre des opérations de préparation de rentrée ».

Les élèves, eux, font connaitre leurs voeux « à partir du 2d trimestre », le choix des élèves de 2de n’étant pas lié à l’enseignement optionnel choisi en seconde. Coordonner les deux calendriers de façon à ce que les élèves sachent s’ils restent dans l’établissement ou pas, va être délicat.

Le calendrier de la publication de la carte académique aura aussi des conséquences sur les mutations et même dans le privé sur l’emploi. Comment les droits des personnels pourront -il être défendus surtout en 2019 ?

On voit bien dans ces mesures le souci de rentabiliser au maximum les moyens. La mise en place de la réforme du lycée devrait s’accompagner d’une redistribution des postes où les enseignants seront aux premières loges…

François Jarraud

Restrictions sur les spécialités

Sur la réforme du lycée

Blanquer hiérarchisation et mise en concurrence