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L’approche est typiquement économique et
peut-être aussi typiquement anglo saxonne. Mais elle
éclaire. Dans Regards sur l’éducation 2018, l’OCDE
calcule le rendement d’une scolarité allant jusqu’à
un diplôme du supérieur. C’est
particulièrement rentable en France. A condition
d’être un homme. Car pour les filles le rendement est
nettement moins bon…

Au dollar près…

En général dans les pays de l’OCDE avoir un
diplôme du supérieur permet de gagner plus que le
bac (+54%). Ceux qui n’ont pas le bac gagneront 22% de moins que
les bacheliers. Cette règle universelle ne surprendra
personne.

Mais regardons y de plus près, au dollar près.
Que va rapporter à Kevin de prolonger ses études
jusqu’à décrocher un diplôme du
supérieur, du moins si Parcoursup le lui permet ? Et est
ce que ça rapporte aussi à la société
dans son ensemble c’est à dire à la puissance
publique ?

Dans l’OCDE, le gain d’un diplôme du supérieur
calculé sur une vie se monte à 319 600 $ de plus
qu’un diplôme de fin du secondaire (le bac). Le
diplômé gagnera davantage et même s’il paye
davantage d’impôts et de cotisations sociales, il sera
gagnant.


En France, relève l’OCDE, on compte autant de
diplômés du supérieur que dans l’OCDE (44%
des 25-34 ans). La particularité de la France se trouve
dans la répartition entre les différents niveaux
d’éducation du supérieur. Alors que 14% de la
population des 25 à 34 ans sortent du système
éducatif avec un diplôme de l’enseignement
supérieur de cycle court, type BTS/DUT, et 12% avec une
licence, 18 % quittent le système éducatif avec un
master alors qu’ils ne sont que 14 % en moyenne au niveau
des pays de l’OCDE.

Être diplômé d’un master (ou
d’un doctorat) permet en France d’avoir un avantage
salarial important sur le marché du travail. En effet, on
gagne 110 % de plus qu’un individu diplômé du
deuxième cycle de l’enseignement secondaire,
comparé à 91% en moyenne pour les pays de
l’OCDE et 75% pour l’UE23. Les avantages salariaux en
France pour un diplôme de cycle court ou une licence sont
équivalents à ceux pour les autres pays de
l’OCDE, respectivement autour de 25% et un peu plus de
40%.

Alors que dans de nombreux pays, les taux de chômage ne
diminuent que légèrement au-delà du
deuxième cycle du secondaire (ou de l’enseignement
post-secondaire non tertiaire), l’effet positif sur les taux de
chômage des jeunes diplômés de l’enseignement
supérieur est particulièrement élevé
en France. En effet, le taux de chômage est deux fois plus
faible pour ceux avec un diplôme de l’enseignement
supérieur (5,8%) par rapport à ceux qui ont
seulement le baccalauréat ou un niveau équivalent
(12,7 %).

Pas de parité dans les bénéfices
à attendre

Mettons des chiffres pour mieux comprendre. En France avoir un
diplôme du supérieur va rapporter au
diplômé 365 200 (pour un homme) et un gain net
(après avoir retiré le manque à gagner des
années d’études et le cout des études) de
308 500. Le gain net moyen de l’OCDE est de 267 100 $. La
différence s’explique par un coût moindre des
études et un revenu salarial du diplômé plus
important. Les études supérieures sont
particulièrement reconnues en France.

Mais c’est moins intéressant si on est une fille.
Là le rendement net tombe à 179 500$ contre 192 300
$ en moyenne dans l’OCDE. Cela tient essentiellement à des
cotisations sociales plus importantes et des études plus
couteuses.

Une bonne affaire pour la
société

Ces études supérieures sont-elles une bonne
affaire pour la société ? L’OCDE répond
positivement. POur un homme, le bénéfice public est
de 162 200 $ nets contre 139 600 en moyenne OCDE. Le
diplômé va coûter en manqua à gagner
fiscal sur les revenus qu’il aurait eu s’il n’avait pas fait
d’études mais il va payer des impots et surtout
cotiser.

Enfin faire des études supérieures
prépare aussi de meilleurs citoyens.  » En France, 83 % de
la population dotée d’un niveau d’enseignement
supérieur déclare entamer des démarches pour
réduire sa consommation d’énergie, soit 8
points de pourcentage de plus que la moyenne des pays ayant
participé à l’Enquête Sociale
Européenne (European Social Survey 2016). Pour la
population n’ayant pas atteint un niveau
d’enseignement secondaire, la part est de 71 % (66 % en
moyenne pour les pays participants à cette
enquête) », déclare l’OCDE. On les a vu
défiler il y a peu…

François Jarraud