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Nouveau record pour l’Education nationale ! C’est l’avantage des rapports d’activité. Le ministère vient de publier ceux de l’Inspection générale (IGEN) et de l’Inspection générale de l’administration (IGAENR), sa branche cousine. Et on apprend beaucoup de choses dans ces rapports. Selon un pointage du Café pédagogique, en 2017, seulement 16% des rapports de l’Inspection générale (IGEN) ont réussi à sortir de l’armoire ministérielle. Les autres sont tenus au secret. Dans ce domaine, JM Blanquer réussit à faire mieux que Luc Chatel qui jusque là tenait la corde…

Des inspections proches des politiques

Les rapports montrent aussi la proximité entre les inspecteurs généraux et les politiques. Ca marche d’ailleurs dans les deux sens. Les cabinets ministériels emploient beaucoup d’inspecteurs généraux. Et de nombreux membres de cabinet sont recasés dans l’Inspection générale. C’est le cas de 14 des 149 inspecteurs en activité. Et plusieurs membres de l’inspection font partie du cabinet actuel à commencer par son directeur (nommé sous Darcos) ou occupent des postes politiques (recteur, Dgesco etc.). Le rapport au politique se lit aussi dans certains destins comme celui de Max Brisson, sénateur. Ceci posé, la voie royale pour devenir inspecteur général reste un poste d’IPR ou de professeur de chaire supérieure. Du coté de l’IGAENR la voie royale c’est d’être administrateur même si on trouve un ex-secrétaire général d’un groupe parlementaire.

Mais le grand avantage de ces rapports c’est de publier les noms des travaux des inspections. Ainsi on apprend que l’IGEN a remis 57 rapports en 2017, un nombre plutôt modeste. Sur ces 57 rapports, le rapport annuel ne mentionne que 7 publications . Mais nous en avons trouvé finalement 9. Donc seulement 16% des rapports de l’IGEN ont été rendus publics. 48 sont restés bouclés dans une oubliette du cabinet ministériel.

Pas tous publiables

Certes tous ces rapports ne sont pas destinés à publication. Une partie du travail de l’Inspection consiste à exercer un pouvoir disciplinaire sur les agents du ministère. On aimerait bien connaitre, par curiosité, la manière de servir d’un professeur du lycée X de Créteil ou la situation du lycée X de Besançon, mais la loi ne l’autorise pas. Certains rapports sont ainsi classifiés de façon dommageable pour l’instruction du public, par exemple le rapport sur l’enseignement en prison ou celui sur les dysfonctionnements dans la fabrication des sujets du bac.

Une carte en creux des faiblesses de la politique ministérielle

Si on retire ces cas particuliers , on obtient une belle idée de ce que peut être la censure ministérielle. Au final on sait au moins ce qui n’a pas été publié. On aurait bien aimé lire les rapports sur l’entrée dans la carrière des jeunes enseignants, le remplacement des professeurs, les contractuels, le bilan du LSU ou le bilan des TPE (que le ministre supprime). Ou encore les textes sur la carte des langues vivantes, la mise en oeuvre des programmes de maternelle (que le ministre va changer en 2019), les dédoublements des Cp en Rep+, l’accueil des bacs pro en BTS, ou encore l’enseignement hors contrat dans l’académie de Paris. Ajoutons y l’audit sur le paiement des heures supplémentaires ,un sujet d’actualité.

Evidemment ce n’est pas la peur de nous endormir ou de perdre du lectorat qui a empêché la publication de ces rapports des Inspections. Ce n’est pas leur faible qualité. Quand un rapport ne parait pas c’est que ses conclusions ne cadrent pas avec les objectifs du ministre. Donc sachez le sur tous ces sujets, dont certains sont dans l’actualité, le cabinet du ministre a préféré ne pas faire connaitre l’avis des inspecteurs…

Evidemment plus le nombre des rapports censurés est important, plus on peut penser que la politique ministérielle est désavouée, à voix basse, par les bons connaisseurs de l’Ecole et conseillers du ministre que sont les inspecteurs généraux.

Blanquer médaille d’or

On n’a pas attendu JM Blanquer pour écrire cela. Les armoires du 110 rue de Grenelle sont vastes et ont déjà beaucoup servi. Le Café a publié des précédents. En 2011, Luc Chatel n’avait publié que 19 rapports sur la soixantaine que constitue une année normale. En 2015, on avait reproché à N Vallaud Belkacem ses ciseaux. Sur 85 rapports annuels seulement 25 avaient été publiés soit 29%. C’était déjà pas beaucoup.

JM Blanquer fait mieux que ses prédécesseurs avec seulement 9 rapports sur 57. Ca fait peu pour « l’école de la confiance ». Alors, libérez les rapports ! Ayez confiance…

François Jarraud

Rapport IGEN

Rapport IGAENR

Sous Chatel

Sous N Vallaud Belkacem