Print Friendly, PDF & Email

Que faire face à la violence scolaire ? La Commission de l’éducation du Sénat, présidée par C Morin-Desailly, auditionnait le 5 décembre les syndicats de chefs d’établissement. Face à des acteurs de terrain qui ont chacun défendu des explications un peu différentes, les sénateurs sont restés sur leurs a-priori. La prochaine réunion changera-t-elle cette situation ? La commission invitera des internautes repérés dans le #pasdevagues…

Contresens

Contresens dès le départ. En ouvrant la réunion, C Morin Desailly interprète le comportement de la professeure du lycée Branly à Créteil comme de la passivité. C’est sur cette interprétation que la commission enquête et auditionne. Le 5 décembre c’est le tour des syndicats de personnels de direction. Se collègues senateurs ont chacun leur explication. Pour J Grosperrin (LR) s’il y a de la violence scolaire c’est a cause de « la culture bisounours » de l’éducation nationale. Avec plus d’autonomie des établissements (entendez : un chef d’établissement qui embauche et licencie) cela devrait changer.La sénatrice Laure Darcos estime que tout cela n’arriverait pas sans smartphone. Dominique Verien dénonce les enseignants qui refusent de chanter la Marseillaise. Pour Stéphane Piednoir (LR) il faut arrêter de donner des droits aux parents et donner tous pouvoirs aux professeurs. Pour les socialistes, Marie Pierre Monier plaide pour du personnel social et des psychologues dans les établissements. Maurice Antiste lie la violence à un enseignement ennuyeux , l’absence d’évolution des méthodes pédagogiques.

La faute aux profs ?

Que disent les acteurs de terrain ? Pour le Snpden, Pascal Bolloré, secrétaire général adjoint, s’inscrit en faux par rapport au #pasdevagues et exonère les personnels de direction de toute responsabilité. La violence scolaire est un phénomène ancien, explique t-il magazine à la main. En 1986 déjà un élève avait utilisé une arme. Les établissements sont plus calmes qu’avant, affirme -t-il en se basant sur Pisa. « Les établissements ne sont pas la jungle. Il faut différencier ce qui se passe dans certaines classes face à certains collègues en difficultés de ce qui peut se passer devant l’établissement scolaire ». Certains enseignants ont fait « une erreur d’orientation »… Les chefs d’établissement ne peuvent être soupçonnés de laxisme : « nous avons l’habitude d’engager des procédure scolaires mais les enseignants ont une méconnaissance de ces procédures ». Un peu plus tard il signale qu’on demande aux chefs d’établissement de réduire le nombre de conseils de disciplines.

Ou au système ?

Cyrille Roger représente ID Fo et met en cause surtout les familles. « On a affaire à des générations qui n’ont pas obtenu les codes du respect ». Mais il souligne un autre facteur : le manque de personnel de santé et social dans les établissements.

Pour le Sgen Cfdt , C Nave Bekhti pointe surtout des problèmes systèmiques. Elle réfute la culture bisounours mais pointe le taux de turn over qui empêche la constitution d’équipes solides seules capables d’influencer le climat scolaire. Elle montre aussi que les violences interviennent souvent dans le temps interscolaire et donc que ce n’est aps qu’un problème de formation des enseignants. L’autonomie de l’établissement avec des postes à profil a déjà été essayé en vain. Au final il a fallu embaucher des contractuels sur des poste de référents éducation prioritaire.

Et le ministre ?

Justement quelle est la responsabilité du ministère ? On a évoqué les postes de surveillants, de psychologues, de médecins, d’assistantes sociales supprimés. P Bolloré souligne qu’on en est au 13ème plan anti violence. « On pose à chaque fois des mêmes mesures qui entrainent des créations de postes qui parfois au fil du temps disparaissent et qu’on tente de réinventer… » C Nave-Bekhti félicite le ministre de simplifier la protection fonctionnelle. Mais rappelle qu’avec les suppressions massives de postes administratifs ce ne sera pas facile et rapide de la mettre en route..

La prochaine réunion de la Commission s’annonce passionnante. La Commission publiera une étude des tweets sur #pasdevagues et invitera des twitters.

François Jarraud