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 » J’aime bien ce moment car on peut parler de ce qu’on aime et de ce qu’on n’aime pas… J’ai appris ce que les autres ressentaient et j’ai pu dire moi aussi ce que je ressentais…. Ça m’a permis de partager tous mes sentiments. J’aurai ainsi plus confiance et je serai moins stressé…. En disant ce que je ressentais, c’est comme si j’avais moins peur. J’aime bien aussi entendre les autres parler, je les ai trouvés intéressants… Avant, je n’aimais pas trop parler devant les gens, et maintenant, ça ne me dérange plus trop… Grâce à ce moment, toutes mes émotions, je les ai vidées. Peut-être que je vais m’en refaire, mais là, j’ai fait le ménage (parole de CP)… Ça m’a donné des idées quand les autres disaient leurs émotions. « 

Mais, c’est quoi ce moment dont ces élèves du CP au CM2 parlent avec tant de plaisir ? Et comment ça se fait que ces mots, « émotions », « ressentis », « sentiments », « partager », ont si peu leur place à l’école et dans les programmes ?

C’est à partir de ce constat que dans notre école, depuis le début de l’année, nous nous sommes lancés à quatre classes dans un temps de parole hebdomadaire (de 11h30 à 12h), basé sur le volontariat. Parce que nous considérons que les apprentissages ne sont pas que rationnels, qu’ils dépendent de facteurs multiples, qui tiennent souvent de l’intériorité, donc cachés, occultés, empêcheurs, et la plupart du temps non perçus par les enseignants…

J’ai pu travailler ces dernières années sur les « empêchements à apprendre » des élèves (travail qui a reçu le Prix du jury au Forum innovant du Café pédagogique. Ce temps de parole est dans le droit fil de cette conviction : trouvons tous les moyens pour permettre aux élèves dont nous avons la responsabilité de se sentir bien à l’école. Libérés pour mieux apprendre…

Aussi, chaque semaine, une douzaine d’enfants de nos quatre classes, tous âges confondus, se disposent en cercle dans un espace neutre et font du « ce qui » : ce qui me plait, ce qui me fait peur, ce qui me stresse, ce qui m’agace, ce qui m’étonne, etc. En toute spontanéité. Sans que nous, enseignants, cherchions à instrumentaliser leur expression, à la guider vers du scolairement correct. Surtout pas !

Un temps dont certains élèves se sont emparé avec enthousiasme, car disent-ils, ils se détendent, ils se vident, ils se découvrent, et même, ils apprennent.

J’espère vous avoir donné envie de l’expérimenter, vous aussi.

Daniel Gostain,

Ecole élémentaire, Paris 13

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La classe plaisir