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Parlons des grands bonheurs. L’école a-t-elle un effet direct sur la vie personnelle, même la plus intime ? L’OCDE publie à partir de l’enquête PIAAC, sur les compétences des adultes, une étude sur le lien entre le niveau de compétence en littératie et la vie personnelle et familiale. Elle confirme ce qu’on savait déjà : la réussite scolaire retarde les naissances, l’échec scolaire au contraire fabrique des couples jeunes, instables et en charge d’enfants.

Littératie et vie de couple

Beaucoup de choses vont rester dans l’ombre dans cette enquête du fait d’une apprentissage purement statistique qui établit des constats mais peine à les expliquer. L’enquête PIAAC a porté sur 250 000 personnes âgées de 16 à 65 ans dan 33 pays membres ou partenaires de l’OCDE. Elle montre que la maitrise de compétences en littératie a un effet sur de nombreux aspects touchant à la vie familiale.

Ainsi l’OCDE fait un lien entre le niveau en littératie et le fait de vivre ou non en couple. En général l’effet n’est pas établi : 64 à 61% des femmes, selon le degré de littératie, vivent en couple, et 63 à 61% des hommes. Mais ces moyennes cachent des divergences dès lors que l’on découpe le tableau en tranches d’âge. Ainsi pour les femmes les plus jeunes (16-19 ans) , celles qui ont le plus faible niveau sont trois plus nombreuses à être déjà en couple que les plus fortes. Le même écart s’observe chez les garçons du même âge. Inversement chez les hommes de 35-39 ans les plus faibles ont nettement moins de chances d’être en couple.

Pour l’OCDE cela tient au fait que ces jeunes à bas niveau scolaire ont plus de chances d’avoir terminé (ou abandonné) leurs études et de travailler ce qui permet de se mettre en couple. A l’inverse ceux qui poursuivent des études attendent plus longtemps pour acquérir une autonomie financière.

Compétences scolaires et parentalité

Le niveau scolaire a aussi un effet sur la parentalité. Les jeunes filles de faible niveau ont 10 fois plus e chance d’avoir un enfant entre 16 et 19 ans que leurs camarades ayant le niveau le plus élevé. Chez les garçons l’écart est de 1 à 7. Il faut attendre 40-44 ans pour que l’écart entre les niveaux de compétences s’efface pour les filles, et 35-39 ans pour les garçons. Là aussi les études agissent comme un retardateur. L’OCDE relève qu’avoir un enfant implique souvent pour la femme l’abandon des études pour plusieurs raisons, dont financières, et donc un faible niveau de compétences.

L’OCDE relève aussi que le nombre d’enfants , logiquement, va varier selon le niveau scolaire. Les jeunes ayant le niveau scolaire plus élevé font moins d’enfants,ne serait ce que parce qu’ils forment des couples plus tard. Commencer à être parent tôt c’est aussi avoir plus de chance d’être parent isolé.

Inversement les femmes ayant les meilleures compétences en littératie ont étudié plus tard et poursuivent des carrières plus exigeantes quand elles entrent dans le monde du travail. Tout cela joue dans le sens du retard à avoir un enfant.

Plus difficile à expliquer, estime l’OCDE, est le fait que les hommes suivent le même modèle. L’OCDE explique cela par l’homogamie et le fait que les hommes calquent leur comportement sur celui de leur partenaire.

Adapter l’école à la parentalité

Les autres effets sur l’emploi et le salaire sont plus variés selon les pays. Ainsi l’OCDE oppose l’Allemagne et la Finlande. Alors que la législation sur le congé maternité est identique dans les deux pays, avoir des enfants est beaucoup plus pénalisant pour la mère dans le premier pays.

La conclusion qu’en tire l’OCDE c’est qu’il faut adapter les temps d’études aux temps de travail et aux responsabilités familiales. Et qu’il faut aussi soutenir financièrement les très jeunes femmes en charge d’enfant. Par exemple des places de crèche pourraient leur être réservées. De recommandations qui visent à donner les mêmes chances à toutes et tous.

François Jarraud

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