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Que peut apporter l’utilisation d’un système d’information géographique pour l’enseignement de la géographie ? Professeur au lycée Guillaume le Conquérant de Lillebonne (76), Cyrille Chopin montre que cet outil , encore peu répandu dans les classes, entraine les élèves au raisonnement géographique, c’est à dire à des pratiques citoyennes.

Les systèmes d’information géographique (SIG) ont encore rarement poussé la porte de la classe en France alors qu’ils sont très utilisés en entreprises ou par les collectivités territoriales. Un SIG est un système d’information conçu pour recueillir, stocker, traiter, analyser, gérer et présenter tous les types de données spatiales et géographiques. Plus simplement c’est le mariage de bases de données géo-référencées avec un outil cartographique.

Cyrille Chopin a présenté au Festival international de géographie une séquence réalisée en second à propos des jeux olympiques de 2024. Dans quelle mesure les JO de Paris s’accompagnent -ils d’un projet de politique urbaine durable ? Une question qui se décline en une analyse des projets liés aux JO et une analyse critique de la politique d’aménagement qui sera menée.

Utiliser un SIG en seconde n’est ce pas trop difficile pour les élèves ?

C’est une séquence que j’ai menée en fin d’année donc à un moment où les élèves étaient déjà habitués à cet outil. Il y a une phase d’appropriation en début d’année avec une démonstration, puis des exercices simples. Les élèves apprennent progressivement à utiliser davantage de couches et à effectuer des requêtes.

Vous utilisez QGis. Pourquoi ?

Parce que c’est un outil gratuit. Les élèves peuvent donc l’installer chez eux et le découvrir quand ils le souhaitent.

Comment faites vous pour les données ?

C’est une partie de mon travail en amont de la séquence. Je dois préparer les jeux de données. Je me sers de celles de l’Insee, de data.gouv.fr, des données publiées sur les jeux olympiques, comme celles du dossier de candidature de Paris.

Qu’apporte le SIG par rapport aux outils cartographiques classiques ?

Le plus important c’est que les élèves peuvent interroger les données en faisant des requêtes. Par exemple ils peuvent visualiser l’accueil touristique lors des jeux par commune. Ilspeuvent afficher les communes où il y a plus de 1000 chambres disponibles, c’est à dire les lieux qui vont le plus profiter des retombées économiques des jeux. Et là ils découvrent que c’est plutôt à l’ouest de Paris et très peu la Seine Saint-Denis…

Le logiciel permet de faire des requêtes que ne permettent pas des outils classiques comme Edugéo. Ces requêtes permettent de déployer un raisonnement géographique. Dans cette séquence ils font d’abord un diagnostic territorial, puis ils élaborent un scénario. Que se passe-t-il si je fais ceci ou cela. Ca donne quoi ?

Cet outil permet de construire un raisonnement au delà des démarches classiques. On peut explorer davantage de dimensions et étoffer le raisonnement géographique des élèves. Les élèves entrent dans un raisonnement hypothético-déductif.

Pourquoi choisir un thème d’aménagement ?

On ne fait pas que cela ! En seconde par exemple on a travaillé aussi sur le thème Nourrir les hommes avec un scénario de développement de l’agriculture urbaine au Havre, la grande ville la plus proche.

Mais choisir une question d’aménagement c’est faire de la géographie citoyenne. Du coup ça prépare les lycéens à leur futur métier de citoyen. Ca les motive aussi d’être acteurs du territoire plutôt que de réaliser juste des descriptions en classe.

Ca explique que la séquence se termine par un débat ?

C’est un parti pris que j’ai décidé. Si la géographie sert d’abord à faire des citoyens, ce qui est mon choix, alors il faut qu’ils débattent.

Et j’ai découvert que les élèves peuvent faire des propositions d’aménagement formidables. Je rêve que l’on soit moins corsetés par les programmes pour faire davantage ce type d’activité.

Propos recueillis par F Jarraud

La séquence dans la brochure du FIG 2018