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 » Parce qu’il porte sur une obligation d’instruction, le projet de loi consacre une définition de l’école maternelle comme lieu d’instruction : il couronne pour ainsi dire un processus de scolarisation de l’éducation des jeunes enfants initié dans les années 1970… En ce sens, la réforme entérine un changement radical dans l’histoire de la « maternelle » ». Sur un site professionnel, Pascale Garnier, professeure Paris13, montre comment l’école maternelle va perdre ses particularités avec la loi Blanquer imposant l’instruction obligatoire à 3 ans.  » Il est probable que cette scolarisation précoce ait des effets à court terme sur les performances scolaires des élèves, mais à quel prix et pour quels effets à long terme ? Ces apprentissages pour ainsi dire forcés, du moins commandés de l’extérieur, ne peuvent remplacer ceux dont les jeunes enfants sont à l’initiative et où ils s’engagent pleinement pour construire leur pouvoir d’agir. Cette autre conception des enfants comme sujets à l’initiative de leurs apprentissages n’échappe pas à l’emprise des différenciations sociales. Du moins, elle évite cette scolarisation des familles que l’on dit « éloignées de la culture scolaire », selon la formule consacrée dans les discours officiels. Cette formule scolaro-centrée traduit bien un souci de colonisation pédagogique des familles, une « police des familles », selon l’expression de Jacques Donzelot (1980), aujourd’hui rendue systématique par l’obligation d’instruction dès l’âge de 3 ans ». « Nous n’avons rien à gagner dans l’obligation de scolariser les enfants à partir de 3 ans, mais tout à craindre » nous disait elle dans le Café pédagogique en mars 2018. Nous voilà prévenus.

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