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Samedi 18 mai, plusieurs milliers d’enseignants et parents battaient le pavé à l’appel de la FSU, appel rejoint par la FCPE, SUD éducation et CGT éducation en fin de semaine dernière. L’ambiance était à la fête sur le boulevard Montparnasse : musique, déguisements, chants… Venus de toute la France, certains entre collègues, d’autres en famille, leur détermination est intacte malgré plusieurs mois de mobilisation.

Que toutes les réformes s’arrêtent…

Agnès et Christine font une pause. Il faut dire qu’elles viennent de loin, elles arrivent tout juste de Bordeaux, en Gironde. Assises sur le bord du trottoir, elles expliquent les raisons de leur mécontentement. « Il faut que toutes ces réformes de l’éducation s’arrêtent. Toutes ces annonces nous effraient : le futur de la maternelle, les contractuels qui prennent petit à petit la place des postes statutaires, des classes à 24 mais à quel prix ? Encore moins de RASED, moins de plus de maître. Finalement on fait toujours plein de promesses, sans mettre les moyens derrière ». Malgré les dernières annonces du ministre sur les EPSF, qui reculent suite au retrait de l’amendement par le sénat, elles ne lui font pas confiance. « Permettez-nous de douter de la parole de ce gouvernement. Avec la baisse drastique du nombre de postes de fonctionnaires, cela réapparaîtra sous une nouvelle forme. Et puis, fondamentalement, cette loi mais aussi la politique menée par les politiques actuels en dit long sur leur projet de société, et c’est pour cela surtout que nous sommes dans la rue, de la maternelle à l’université ».

Arrivée en retard, madame Perez presse le pas et rejoint le cortège avec ses deux filles. Vice-présidente de l’UL12 – FCPE, ses inquiétudes sont fortes. « Fortement attachée à l’école publique, il y a encore beaucoup d’articles qui ne rassurent pas et ce de la maternelle à l’université. La réforme du lycée, du baccalauréat ou encore le dernier bug en date de Parcoursup… ».

L’article 1 déjà mis en pratique ?

Sur le trottoir du boulevard de l’hôpital, en marge de la manifestation, Virgile, Lenny et Samia vendent des tee-shirt et des tote-bags où l’on peut lire « Sois prof et tais toi ». Enseignants au collège République de Bobigny, il faut dire qu’ils savent de quoi ils parlent. Dans leur établissement, le futur article 1 prend tout son sens, le café pédagogique en parlait récemment. Quatre enseignants ont reçu des menaces de sanction qui ne semblent ne pouvoir s’imputer qu’à leur militantisme, leur dossier administratif étant, selon eux, vierge de toute mention. Des enseignants qui ne se seraient faits remarquer que par leur engagement avec des dénonciations récurrentes du manque de moyens ou encore des mauvaises conditions de travail. Les bénéfices des ventes du jour permettront de financer leurs futurs frais juridiques.

Hendrick, son bébé porté en écharpe, et Fanny, sont enseignants de mathématiques et de français à Champigny-sur-Marne. « On subit de plein fouet de nombreuses attaques contre l’éducation, de la petite enfance à l’université. Au lycée, par exemple, avec la réforme du bac qui se fait dans la précipitation. Nous sommes malmenés, nous n’avons aucune prise sur les événements et nous devons tout organiser. Et puis, on sait déjà que cela va créer davantage d’inégalités contrairement à ce qui est affiché. On a un gouvernement qui est dans une dynamique de casse du service public, avec la privatisation des aéroports par exemple ». Ils portent tous deux un gilet jaune, mouvement qu’ils suivent avec intérêt depuis plusieurs mois. « Leurs revendications sont très légitimes, il y a un grand réveil social depuis plusieurs mois, à tous les niveaux. Et quelle est la réponse des élus : la répression. Répression dont le résultat est le contraire de celui escompté, cela nous fédère. Donc voilà, on continue ».

Toutes de roses vêtues, plusieurs psychologues de l’éducation nationale défilent elles aussi. Sandrine est venue de Montpellier, « dans cette loi plusieurs articles nous concernent directement. Mais ce n’est pas la seule raison de ma présence, je tenais à être présente aux côtés des autres personnels de l’éducation car nous sommes tous touchés ».

Loin des dizaines de milliers de manifestants du 30 mars, les syndicats de la FSU – à l’initiative de la journée – peuvent tout de même se réjouir du nombre de manifestants. Après plus de deux mois de mobilisation, au niveau local, régional et national, le mouvement est loin de s’essouffler. Les prochaines semaines seront décidemment décisives avec le retour de la loi devant le parlement.

Lilia Ben Hamouda