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« Avec ces textes on va vers des enseignants qui ne seront plus des professionnels mais des exécutants ». Pour Francette Popineau, secrétaire général du Snuipp Fsu, la circulaire de rentrée et les « recommandations » qui l’accompagnent sont un retour en arrière aux programmes de 2008.

Quel regard jetez vous sur la circulaire ?

C’est une circulaire sans surprise avec une vision étriquée des apprentissages surtout en maternelle où nous nous inquiétons d’un recul énorme. On se retrouve avec une maternelle uniquement dédiée aux apprentissages nécessaires au CP. Or quand on apprend trop tôt on met l’élève en échec. Il y a une méconnaissance de ce qu’est la maternelle. Il faut qu’un enfant joue, expérimente, manipule. Quand on va trop vite on crée des difficultés. Mais le ministre n’a jamais exercé en maternelle. Il pense savoir. Mais son avis n’est pas très éclairé.

Le ministère annonce une formation pour les professeurs de maternelle. Qu’en pensez vous ?

On a toutes les raisons de s’inquiéter sur cette formation. On est favorable à des modules de connaissance de l’enfante de 3 à 6 ans. Mais on est opposé à une formation pour faire des spécialistes de la maternelle. On est contre pour des raisons de mobilité mais aussi parce qu’enseigner en élémentaire apporte beaucoup à la maternelle et l’inverse aussi.

L’école élémentaire est aussi cadrée ?

Dans la partie sur l’école élémentaire on remarque que le mot management a disparu. Le pilotage est adouci. Mais l’idée générale est le formatage des enseignants pour qu’ils avancent tous dans la même direction. Visiblement le ministre qui plaide pour l’innovation n’en avait pas un échantillon sur lui quand il a écrit cette circulaire.

Les attendus, cela rassure ou irrite les professeurs ?

Les professeurs avaient plébiscité les programmes de 2015 et 2016. Or on leur tourne le dos et ca ne les rassure pas. On voit que les cycles sont cassés. Les professeurs se font eux-mêmes leurs attendus de fin d’année. Mais il ne faut pas que les attendus officiels laissent entendre que l’enfant qui ne les a pas atteint redouble. Il faut continuer à penser en terme de cycle. Avec ces recommandations on revient à une sorte de pensée magique qui voudrait qu’en poussant les élèves on les fasse réussir. Mais les apprentissages sont fragiles et nécessitent de la compréhension.

Vous allez discuter de ces textes avec le ministre ?

On a discuté du projet avec le ministère. Maintenant que les textes sont publiés on a peu de chance de pouvoir revenir dessus. Pourtant les enseignants vont être atterrés de ce retour aux programmes de 2008 et par ce formatage des enseignements qui laissent peu de place pour les adaptations que font les enseignants. Avec ces textes on va vers des enseignants qui ne seront plus des professionnels mais des exécutants. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’école.

Propos recueillis par F Jarraud