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« Il ne fait pas toujours bon être un élève dont la famille est pauvre aujourd’hui ». La formule de Jean-Paul Delahaye a trouvé de nombreuses illustrations lors du colloque du Cnal le 25 juin. Directeurs et chefs d’établissement signalent encore massivement des enfants privés de sorties scolaires faute d’argent et même de repas. L’institution scolaire ne se donne pas vraiment les moyens de permettre aux enfants pauvres d’étudier comme les autres.

L’école n’est pas gratuite estiment les défavorisés

L’école française est-elle gratuite ? Cette question posée dans un sondage Ifop réalisé pour le colloque du Cnal du 25 juin, amène des réponses éclairantes. La moitié des Français juge que l’école n’est pas gratuite (41%). Plus intéressant : ce sont les plus modestes qui dénoncent sa non gratuité alors que les plus favorisés voient encore l’école comme gratuite.

Le sondage donne d’ailleurs une idée de ce que les parents payent : la pratique sportive (de 119 à 241 euros par an), les activités linguistiques (pour 10% des parents), les séjours linguistiques (10% aussi), 107 € pour les activités culturelles (pour 2 parents sur trois), de 39 à 151 € pour le soutien scolaire et enfin l’Internet de son enfant (194 € par an en moyenne).

82% des chefs d’établissement signalent des familles en détresse financière

Un autre sondage, réalisé par le Cnal auprès des directeurs d’école (1022) et des chefs d’établissement (280) apporte un éclairage de terrain. Ainsi 42% des directeurs d’école signalent des familles en difficulté pour les frais de sortie scolaire dans le premier degré. Dans le second degré ce pourcentage monte à 82%. 59% des enseignants signalent que des élèves ne partent pas faute d’argent. Un autre indicateur intéressant est le non recours aux bourses : 58% des chefs d’établissement signalent des familles qui ne demandent pas de bourses. Récemment le Défenseur des droits signalait que 40% des enfants défavorisés ne mangent pas à la cantine.

L’Ecole fait-elle assez ? Chaque année le ministère met en avant la question des fournitures. Mais le montant des bourse reste très bas : 453 € pour un enfant au collège par an, cela ne paye même pas la cantine.

Ruissellement vers le haut

« La gratuité a un coût » rappelait une cheffe d’établissement lors du colloque. JP Delahaye comparait lui le coût de l’accompagnement éducatif des élèves de Rep+ : 32 millions à celui du même accompagnement en classe préparatoire : 70 millions. Or il y a 1.7 million d’élèves en éducation prioritaire et 85 000 élèves en classe préparatoire. Pour lui, l’Ecole fait du « ruissellement vers le haut ». Elle n’est pas gratuite disent les défavorisés…

F Jarraud