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Les épreuves du brevet commencent le 1er juillet par les deux disciplines phares : français et maths. Mais le brevet est un examen bien malade. JM Blanquer a déjà annoncé, le 3 juin, une nouvelle réforme pour 2021. Il vient pourtant de le modifier en octobre 2017. Aux candidats nous souhaitons bon courage pour cet examen aussi long qu’à peu près inutile. Au brevet on souhaite une révision avant 2021…

850 000 candidats pour combien d’heures d’épreuves ?

848 878 candidats vont participer aux épreuves du brevet à partir du 1er juillet. Aux Antilles et en Guyane, les collégiens ont passé le brevet à la date initialement prévue, les 27 et 28 juin. En métropole et dans l’océan indien, l’examen est passé à partir du 1er juillet suite à la canicule. Les centres d’examen sont appelés à utiliser les sujets de secours.. et à espérer que la température ne monte pas… L’examen qui marque la fin du « collège unique » connait deux séries : générale et professionnelle (92 469 candidats).

Les épreuves finales du brevet sont réparties sur deux jours. Le 1er juillet les candidats travaillent pendant 3 heures les sujets de français (dictée, grammaire, compréhension d’abord puis rédaction). L’après midi est dévolue aux maths pendant 2 heures. Le 2 juillet aux 2 heures d’histoire-géo – EMC succèdent l’épreuve de sciences (1 heure) puis langue (1h30). Au total cela fait, depuis la réforme de 2017, 8 heures 30 d’épreuves sur deux jours.

Un examen d’une rare complexité

Mais ces épreuves finales ne sont qu’une partie du brevet. L’épreuve commence par la validation du socle commun en contrôle continu. A la fin de la 3ème le conseil de classe évalue le niveau de maitrise du jeune dans 8 domaines. Une très bonne maitrise dans ces domaines donne déjà les 400 points nécessaires pour avoir le brevet. Une maitrise satisfaisante donne 320 points (auxquels peuvent s’ajouter des points donnés par des options). Autrement dit la validation du socle fait du brevet une simple formalité pour les élèves moyens ou bons.

Il reste 400 points à gagner dont une note orale sur 100 points donnée aussi avant l’épreuve finale en établissement. Les 1er et 2 juillet les candidats composent pour 300 points (100 en maths , 100 en français et 50 en histoire-géo et sciences).

Quand le ministère n’arrive pas à choisir…

Le premier problème du brevet c’est cette complexité. A l’origine de la réforme de 2017, la volonté de revenir sur la situation absurde crée par la réforme précédente. Avec elle la majorité des candidats arrivait aux épreuves finales avec suffisamment de points pour avoir déjà le brevet. Dans ce cas pourquoi dépenser autant d’énergie en épreuve finale pour un diplôme déjà acquis ? Cette situation résultait du refus de choisir entre deux formules d’examen : un diplôme délivré par un examen final ou par la validation du socle commun.

Avant 2017 le ministère avait privilégié la validation du socle, une procédure qui a eu peu de succès auprès des enseignants. La plupart des élèves avaient assez de points pour avoir le brevet avant les épreuves finales. Les épreuves finales, où les notes obtenues sont toujours nettement inférieures à l’évaluation du socle n’avaient d’importance que pour les candidats les plus faibles qui étaient éliminés.

En octobre 2017 le nouveau ministre veut renforcer l’examen final. Mais il n’ose pas revenir sur le socle, pourtant bien malade lui aussi. Le balancier repart dans l’autre sens. JM Blanquer prolonge la vie du monstre à deux têtes dans une formule où il y a validation du socle plus examen classique renforcé. Et pour marquer le coup il donne un poids plus lourd à certaines disciplines.

On en arrive à ce monstre administratif interminable. Il est massivement rejeté par le CSE le 19 octobre. Mais JM Blanquer n’écoute pas et impose son projet.

Inégalités sociales

Le second problème du brevet c’est le recul du taux de réussite en 2018. Il baisse de deux points aussi bien au brevet « normal » qu’au diplôme professionnel. Le brevet devrait marquer simplement l’acquisition des compétences attendues en fin de collège et donc être largement réussi. Or la nouvelle formule fait régresser le taux de reçus ce qui n’est jamais bon pour un ministre. Cela correspond-il à une évaluation plus juste de ce que savent les candidats ? Pas sur. A preuve le fort écart entre l’évaluation du socle et celle des épreuves finales. Le brevet ne reflète qu’imparfaitement le niveau des élèves. Et comme il mélange deux types très différents d’évaluation, on ne sait pas non plus ce qu’il évalue vraiment. Il ne suffit pas d’additionner des épreuves pour avoir une évaluation réussie. Il faudrait déjà savoir ce qu’on veut évaluer…

Le troisième échec c’est que cet examen entretient les inégalités sociales.  » La série présentée au DNB est très marquée socialement et scolairement, tout comme la réussite à l’examen… En termes de réussite, 97 % des enfants issus d’un milieu très favorisé réussissent leur examen contre 79 % des enfants issus d’un milieu défavorisé, soit près de 20 points d’écart ».

Au final, on ne peut que souligner l’écart entre la complexité du monstre bureaucratique issu de la décision d’octobre 2017 et son utilité sociale. Faute d’avoir tranché entre examen final et validation du socle, le brevet version 2017 demande les deux dans une formule que seul le futur bac va dépasser en complexité. Le brevet nécessite des semaines de préparations et il obère une bonne partie du mois de juin. Et tout ça pour quoi ? Pour un examen qui n’a pas d’utilité par rapport à l’orientation, décidée sur la seule vue du socle. Et qui n’en a pas non plus pour la société où il ne jouit d’aucune reconnaissance. Alors à quoi bon cet acharnement ? Faut-il attendre 2021 pour opérer le monstre ?

François Jarraud

Résultats 2018

Une nouvelle réforme en 2021

Les sujets du brevet tombés les 27 et 28 juin