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On l’attendait depuis 2018. Connu comme le créateur des « internats d’excellence », Jean Michel Blanquer affirme depuis 2018 avoir un « très bon rapport » sur ces établissements. Il présente le 1er juillet un plan Internat qui pourrait s’appuyer sur cette expérience.

JM Blanquer a confié en mars 2018 une mission sur l’évolution de l’internat à Jean-Yves Gouttebel, le président pro Macron du Conseil départemental du Puy-de-Dôme et Marc Foucault, un inspecteur général que JM Blanquer a connu au cabinet de G de Robien.

Le ministre annonce un « internat du XXIème siècle » qui serait « un formidable levier de justice sociale et de dynamisme des territoires » et aussi « un projet pédagogique avec un mode de fonctionnement adapté aux besoins des élèves et de leurs familles, qui offre aux collégiens et lycéens une mobilité pour suivre des formations spécifiques, dans un cadre d’études favorable, permettant de bénéficier d’activités culturelles et sportives ».

Le retour des internats d’excellence ?

Mais l’expérience du ministre en terme d’internat semble limitée aux « internats d’excellence » qu’il a lancés quand il était à la tête de la Direction de l’enseignement scolaire sous Luc Chatel. E Macron et JM Blanquer lui-même ont à plusieurs reprises annoncé le retour de cette formule.

Ces internats d’excellence, présentés comme « une utopie éducative » par Le Figaro du 29 juin, ont été très analysés par l’Inspection générale de l’Education nationale en 2013, par la Cour des comptes en 2014 et enfin dans deux rapports : de D Glasman et P Rayou en 2013 et par Luc Behaghel, Clément de Chaisemartin et Marc Gurgand pour l’IPP en 2018.

Ce dernier rapport de 2018 met en avant la réussite pédagogique de l’internat d’excellence de Sourdun.  » Le passage par l’internat d’excellence de Sourdun transforme radicalement les carrières scolaires des élèves, en les conduisant beaucoup plus souvent au bac général, obtenu souvent avec mention, et en section S », souligne le rapport. « L’effet est particulièrement marqué pour les élèves entrés à Sourdun dès le collège, dont le projet d’orientation était moins défini que pour ceux candidatant au lycée. Pour les garçons, le bac général vient se substituer principalement au bac technologique; pour les filles, il se substitue aux sorties sans diplôme ». Marc Gurgand est membre du conseil scientifique de l’éducation nationale créé par JM Blanquer.

Une telle réussite doit cependant être tempérée par les autres rapports. Car cette réussite repose à la fois sur la sélection des internes et un coût très élevé de ces internats.

Une politique de vitrine

L’idée « sociale » de départ de l’internat d’excellence était d’extraire des jeunes « méritants » des banlieues, dans une vision « prophylactique » selon D Glasman, pour les aider à réussir leurs études. C’était donc dès le début une aide pédagogique en opposition avec la politique d’éducation prioritaire.

Mais très vite, la Cour des comptes a constaté la très grande hétérogénéité des recrutements d’élèves, les jeunes des quartiers de l’éducation prioritaire se retrouvant minoritaires. La Cour des comptes a souligné aussi le cout faramineux des internats d’excellence. Le cout de la place peut aller jusqu’à 152 000 euros (à Douai). Sourdun et Montpellier ont couté 100 000 euros la place c’est à dire 5 fois le prix normal d ‘une place d’internat. Là où JM Blanquer mettait en moyenne 50 000 € pour 4000 places crées entre 2010 et 2012, le gouvernement suivant créait deux fois plus de places d’internat pour un cout inférieur de moitié.

C’ets cette problématique que l’on pourrait retrouver le 1er juillet. Le plan internat de JM Blanquer vise t-il le développement de quelques vitrines réservés à des élèves « méritants » ou veut-il être un levier à la hauteur des besoins ?

F Jarraud

L’analyse de M Bablet

Le rapport de la Cour des comptes

Le rapport Glasman

Qu’est ce qui soutient les élèves ?

Macron et les internats d’excellence