Print Friendly, PDF & Email

Dans la plupart des académies, le 2 juillet est la date butoir pour remonter les notes des candidats au baccalauréat. Près de 110 000 copies seraient « retenues » par les correcteurs. C’est aujourd’hui que leur mouvement prend sens. Rencontre avec des professeurs poussés aux extrêmes.

On ne nous laisse pas le choix

Ils étaient quelques centaines, le 1er juillet , à manifester place de la Sorbonne. Parmi eux, David, Hélène et Célia, tous trois professeurs au collège Rep Delalande d’Athis Mons. « On était convoqué pour la surveillance du brevet. On s’est mis en grève », explique David. Selon lui 25 professeurs du collège sur 48 font la grève ce 1er juillet. Ils avent qu’ils n’empêchent pas l’examen d’avoir lieu. « Le principal a revu l’organisation du brevet en regroupant les élèves dans des salles plus grandes et en affectant un seul surveillant par salle. Le secrétariat de l’examen est tenu par une seule personne ». Pour David, faire grève ce premier jour du brevet est « un crève coeur ». « Mais on ne nous laisse pas le choix », nous dit-il.

Ce qui les pousse à la grève c’est tout un ensemble. Les baisses régulières chaque année de la dotation de l’établissement (6 heures cette année), les surveillants qui vont remplacer les professeurs. La fin du paritarisme avec la loi Fonction publique. La suppression de 2600 postes à la rentrée, énumère Hélène. « Les choses s’accumulent. L’Etat se désinvestit de l’éducation. La loi Blanquer c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », dit Hélène.

Iront-ils jusqu’à bloquer la correction des copies ? Celles du brevet sont corrigées dans des centres. « On se pose la question », répond Hélène. « Plusieurs vont la faire. On n’a pas peur des sanctions car on est nombreux dans l’établissement ».

Le ministre n’entend pas ?

Ce 1er juillet place de la Sorbonne, la question des corrections est la question du jour. « On a déposé un préavis de grève qui couvre chaque journée et on laisse les collègues décider de la modalité qui semble la plus propice », nous dit Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu, un des syndicats qui appellent à la grève le 1er juillet.

Le 1er juillet ce sont près de 110 000 copies qui seraient retenues par les grévistes du bac. « Le ministre devrait entendre que ce n’est pas un mouvement qui ne touche que quelques établissements mais qu’il y a une mouvement assez général de contestation », dit F Rolet. Elle espère que « le ministre aura une autre réaction devant l’inquiétude des parents que de stigmatiser les grévistes ».

Partie remise à la rentrée ?

Pour le moment, le ministère officiellement méprise le mouvement. Il indique 1.21% de grévistes le 1er juillet. Mais dans les académies on évoque des sanctions contre les enseignants, comme à Dijon.

110 000 copies c’est peu face aux 4 millions de copies du bac. Mais le mouvement est surtout porté par des professeurs de philosophie et histoire-géographie, deux disciplines incontournables. Les 110 000 copies pourraient bien représenter près de 80 000 candidats. Et le mouvement n’est pas en recul. En Occitanie, en Bourgogne de nouveau x enseignants ont rejoint les grévistes selon la presse locale. D’autres préparent la rentrée comme ces 45 enseignants du lycée Descartes de Rennes qui refusent d’être professeurs principaux, selon Ouest France.

F Jarraud