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 » L’arrivée des sciences cognitives renouvelées par les neurosciences ne fait, finalement, que prolonger cela : elle réduit, à terme, l’activité de l’enseignant à l’obéissance à des prescriptions systématiques, néglige la singularité de la relation éducative, fait oublier l’importance d’autres facteurs dans l’apprentissage ». Dans un article donné à la revue néerlandaise Pedagogiek, Philippe Meirieu prend position sur l’invasion des neurosciences dans le domaine pédagogique. « Les neurosciences, devenues « neuropédagogie », réduisent l’acte éducatif à ce qu’elles étudient ; elles font de l’ontologie avec de la méthodologie… De plus, le « comment ? » éclipse complètement le « pourquoi » : les neurosciences nous expliquent, par exemple, comment améliorer les techniques de mémorisation, mais ne peuvent, d’aucune manière, nous dire s’il vaut mieux faire mémoriser des poèmes romantiques, des sourates du Coran, des listes de vocabulaire, des théorèmes mathématiques ou des cartes de géographie. Elles ne nous disent pas, non plus, comment mobiliser l’attention et l’engagement des élèves dans un travail de mémorisation. Elles sont porteuses, à mes yeux, d’une conception étriquée, techniciste et dangereuse, de l’efficacité. Elles appellent un travail philosophique pour réintroduire clairement la question des finalités ».

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