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A quoi ressemblera la question de grammaire, notée sur 2 points, dans le nouvel oral des épreuves de français au baccalauréat ? La note de service stipule que cette question « ne peut concerner qu’un passage de l’extrait faisant l’objet de l’explication de texte » et qu’elle « vise l’analyse syntaxique d’une courte phrase ou d’une partie de phrase. » Les ressources d’accompagnement en livrent désormais 4 exemples autour du « lac » de Lamartine : on y invite soit à des « analyses » (sur « l’expression de l’interrogation » ou sur « la négation »), soit à des « transformations », à expliquer (des passages à la subordination). Les exemples portent exclusivement sur le programme de première, non sur le programme de seconde que les élèves actuellement en première n’ont pas suivi. La maitrise des notions grammaticales est évaluée, mais aussi la capacité de manipulation, ce que la note de service ne suggérait pas. Collecte de réactions enseignantes …

Les textes officiels se contrediraient-ils ?

« Normalement on demande une analyse syntaxique d’un passage, or le document propose des réécritures, des transformations ». « Ce n’est pas de « l’analyse syntaxique », comme prévu dans les documents d’avant les vacances. Je dois refaire ma progression ». « Les exemples ne clarifient pas le sens à donner à l’expression « analyse syntaxique » suggérant au contraire de multiples possibles. Ils laissent la porte ouverte à des interprétations beaucoup trop variées, ce qui est forcément préjudiciable aux élèves. »

Quelle mise en œuvre effective à l’examen ?

« Tenir deux minutes sur ce type de question est ambitieux non? Si on a 20 secondes, ce serait déjà bien, je le crains ». « Traduction : les candidats seront notés sur 18 à l’examen ». « Les exemples semblent confirmer qu’on ne peut interroger que sur les notions au programme de 1ère (en l’occurrence les subordonnées conjonctives en fonction de compléments circonstanciels, l’interrogation, la négation) ». « En l’absence de nomenclature officielle, il semble difficile de s’accorder sur le degré d’exigence que l’on peut avoir ». « Nous n’avons, aucune orientation sur les directions à suivre à propos des questions à traiter, puisqu’il n’y a pas de terminologie ou de repères publiés en grammaire, par exemple sur le degré de réflexion à propos de la négation ».

Quel sens donne-t-on ainsi à notre enseignement ?

« Que de formalisme ! ». « Quelqu’un pourrait m’expliquer le sens de tout ça ? Sérieusement ? Je ne sais officiellement plus pourquoi je suis devenue professeure de français. » « Je trouve tout ça bien précis et techniciste. Il faudrait donc s’en tenir au programme de grammaire. Mais pour en arriver là il est nécessaire que les élèves maitrisent beaucoup de choses ». « C’est bien ce qu’on craignait : étiquetage à outrance, grammaire déconnectée de la beauté et du sens des textes. Nommer, classer, remplacer, voilà ce qu’on nous demande d’enseigner au lycée. Heureusement, il n’y a pas que la langue, et les collègues vont détourner ça ! ». « Une seule question à l’Education nationale : pourquoi ? Entendons-nous bien : dans quel but ? Que veut-on apporter à de futurs citoyens en leur faisant faire cet exercice ? »

Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut

La question de grammaire dans les ressources d’accompagnement

La note de service sur les épreuves

Le programme de langue

Foire aux questions sur les programmes via Le Café pédagogique