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Avec 6.7% du PIB la dépense d’éducation connait une hausse de 1.1% en 2018, soit plus de deux fois moins que 2017 (+2.4%). Le premier degré enregistre une hausse des dépenses par élève alors que dans le second degré les dépenses stagnent et qu’elles diminuent dans le supérieur. Régions et communes voient leurs dépenses d’éducation augmenter.

1.1% de croissance en 2018


Avec 157 milliards, la dépense intérieure d’éducation (DIE) reste à peu près stable par rapport à 2018 (155 milliards), annonce la Depp (division des études du ministère). La DIE réunit toutes les dépenses de l’Etats, des ménages, des entreprises et des collectivités territoriales pour l’éducation. Seulement la moitié (57%) est pris en charge par l’Etat (et par plusieurs ministères).

La dépense d’éducation a connu une forte hausse dans la première moitié des années 1990 où elle s’établissait à 7.7% du PIB. Elle a connu une forte décrue jusqu’à son minimum en 2007 avant de se stabiliser à 6.7% du PIB après 2010. Selon la Depp, son taux de croissance est passe de +3.1% par an entre 1980 et 1996 à 0.9% de 1997 à 2018. En 2017 avec une croissance de 1.1% elle augmente moins vite qu’en 2017 (3.8%).

Comment évoluent les niveaux d’enseignement ?


Plus parlante sans doute est la répartition par niveau. Le premier degré consomme 29.7% de la DIE (soit 0.6% de plus qu’en 2017), le second degré 38.6% (soit -0.2%), le supérieur 20.2% (soit -0.1%) et la formation professionnelle 11.5% (soit -0.1%).

Cela reflète l’évolution des dépenses par niveau. Le premier degré connait une forte hausse qui a commencé en 2017 même si on ne dépense que 6 820€ par élève. Pour 2018 c’est à peu près 150€ de plus par élève par rapport à 2017. Cette hausse correspond pour l’essentiel aux dédoublements. Le collège bénéficie de 8 780€ mais ce niveau de dépense est en faible hausse par rapport à 2017. Le lycée stagne aussi avec 11 200€ par élève. Le supérieur continue sa chute commencée en 2015 avec 11 470€ par étudiant. Cette chute reflète la forte progression du nombre d’étudiants.

Qui paye quoi ? Depuis 2018 la part de l’Etat a baissé : elle est passée de 57.8 à 57.4% de la DIE. Mais la baise la plus forte est du coté des collectivités territoriales. Elles dépensaient 24.1% de la DIE en 2008. Ce n’est plus que 23.4% en 2018. La part des entreprises au aussi un peu reculé ce qui n’est pas un bon signal pour le développement de l’apprentissage. Celle des ménages par contre augmente (de 7.5 à 7.8%).

Dans les collectivités territoriales, les communes sont les premiers acteurs avec 12% de la DIE. Les communes rémunèrent un personnel important : Atsem, agents chargés de l’entretien, de l’animation ou de la cantine. Après une chute de 2014 à 2016, leurs dépenses sont reparties à la hausse. Les régions connaissent aussi une forte hausse de leurs dépenses d’éducation : 10 milliards en 2014 et 12 en 2018. Ce qui augmente ce sont les dépenses de fonctionnement liées par exemple au transfert des transports scolaires.

La France dépense t-elle trop pour son éducation ?

La France dépense t-elle trop pour son système éducatif ? Comment comparer cette dépense avec celle des autres pays ? Comment se décompose cette dépense entre les niveaux et entre les personnels ? Regards sur l’éducation, une publication de l’OCDE, apporte des éléments nouveaux et même parfois surprenants. Comme la part de non enseignants dans la dépense d’éducation.

Un profil de dépense atypique


Quelle part de la richesse nationale les pays consacrent-ils à l’éducation ? Selon Regards sur l’éducation 2019, la part du PIB consacré à l’éducation peut varier du simple au double. Elle est de 3% en Russie contre 6% au Royaume-Uni. La France avec un taux un peu supérieur à 5% se situe légèrement au dessus de la moyenne de l’OCDE (5%).

Mais le pourcentage de jeunes varie selon les pays de façon sensible et on sait que la France fait exception en Europe par sa natalité. Aussi faut-il évaluer par élève la dépense. Si la France se situe presque à la moyenne de l’OCDE pour la dépense totale, par contre son profil de dépense est atypique. Les dépenses par élève sont plus élevées en France que dans la moyenne de l’OCDE dans l’enseignement secondaire mais plus faibles dans l’élémentaire. En effet, les dépenses annuelles par élève en 2016 sont plutôt faibles au niveau élémentaire (7 600 USD contre 8 500 USD), légèrement supérieures à la moyenne de l’OCDE au niveau du collège (10 600 USD contre 9 900 USD) et très élevées au niveau du lycée (14 100 USD contre 10 400 USD). Au niveau de l’enseignement supérieur, les dépenses annuelles (y compris les activités de recherche et développement) par élève s’établissent à 16 200 USD en France, contre 15 600 USD pour la moyenne des pays de l’OCDE.

Des dépenses qui diminuent relativement

Ces dépenses ont augmenté en moyenne de 5% depuis 2010 dans l’OCDE. Ce n’est pas le cas en France où les dépenses annuelles par élève ont très peu évolué au niveau élémentaire et secondaire (+1 % ) et elles ont baissé au niveau de l’enseignement supérieur (- 5 % comparé à + 8 % pour l’OCDE). Cette dernière baisse est due en partie à la forte augmentation du nombre d’étudiants (+ 11 %) entre 2010 et 2016 qui n’a pas été suivie par une augmentation des dépenses aussi forte (+ 5 %).

Surtout l’OCDE note que « entre 2010 et 2016, en France, les dépenses publiques d’éducation ont augmenté à un rythme moins soutenu que les dépenses publiques totales (1 % contre 6 %). Cette tendance s’observe également au niveau de l’OCDE, mais avec un écart moins prononcé : 4 % d’accroissement des dépenses publiques d’éducation, contre 6 % d’accroissement des dépenses publiques totales ».

Le poids important des non enseignants


Dernier point notable pour la France : ce ne sont pas les enseignants qui coutent cher. « En France, 58 % des dépenses courantes des établissements d’éducation publics de l’enseignement élémentaire et secondaire sont destinées aux salaires des enseignants », note l’OCDE. « Ce chiffre est inférieur à celui de l’OCDE ou de l’UE23 (63 %) ». La particularité de la France de consacrer une part plus importante au personnel non enseignant : 22 % contre 15 % pour l’OCDE et l’UE23. Ainsi en moyenne on dépense en France 8901 $ par élève du primaire et du secondaire pour les dépenses d’enseignement contre 8722 dans l’OCDE en moyenne. Mais le cout des services auxiliaires se montent à 1285 $ contre 635 dans l’OCDE.

François Jarraud

Note Depp

Regards sur l’éducation