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La publication, par le ministère de la Santé, d’une étude sur l’effet des écrans sur les jeunes enfants (de 3 à 7 ans) affole les médias. Pourtant sur ce sujet, une abondante littérature montre qu’il convient d’être prudent et de savoir raison garder.

L’étude, réalisée par l’université de Rennes, porte sur un échantillon de 167 enfants sélectionnés par des médecins ou des orthophonistes, tire des conclusions catastrophiques.  » Les enfants qui étaient exposés aux écrans le matin avant l’école et qui discutaient rarement, voire jamais, du contenu des écrans avec leurs parents multipliaient par six leur risque de développer des troubles primaires du langage ». En même temps elle s’étonne elle-même du « faible taux de troubles primaires du langage dans la population générale »… Une autre étude réalisée par Amy Corben, université de Cambridge, qui reprend toute la littérature sur ce sujet conclut pourtant de façon très prudente. Enfin on rappellera le travail de Franck Ramus.  » Si l’exposition aux écrans semble bien avoir des effets négatifs sur le développement cognitif, seules des expositions massives peuvent avoir un impact véritablement inquiétant. Beaucoup de commentateurs voient ces résultats comme reflétant un effet intrinsèquement délétère des écrans, accusés de corrompre le développement du cerveau, arguments agrémentés de force noms de neurotransmetteurs et de régions cérébrales pour leur donner un semblant de crédibilité, bien qu’aucune étude scientifique ne justifie de telles attributions. Il existe pourtant une interprétation bien plus simple de l’effet des écrans. Si un jeune enfant passe trois heures par jour seul devant la télévision ou à jouer sur une tablette, c’est autant de temps pendant lequel il n’interagit pas avec ses parents et avec d’autres adultes ou enfants. Or les interactions sociales et verbales sont bien évidemment cruciales pour le développement du langage et des autres compétences cognitives. On peut donc aisément concevoir qu’un temps aussi important passé sur les écrans puisse constituer un manque-à-gagner, une perte de chance pour le développement cognitif (à hauteur de 2 points de QI pour trois heures quotidiennes d’exposition). Nul besoin d’invoquer un effet maléfique des écrans pour comprendre cela. »

Etude BEH

Etude Corben

F Ramus

Les écrans font-ils grossir ?