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« Ca ne sert à rien que je vous réponde, de toute façon vous ne me croyez pas ». Pourquoi le dialogue tourne t-il si souvent court en conseil de discipline ? Dans Recherches en éducation (n°39), Vincent Lorius (Université de Bourgogne) analyse les attitudes des élèves et des adultes dans les conseils de discipline. Et il enregistre le fait que très souvent les élèves adoptent une attitude soit de non coopération, soit contraire à celle qui est attendue. « En posant comme impensable le fait que les actes de l’élève ne soient pas le reflet direct de ses pensées, le conseil demande finalement à ce que l’élève soit « transparent à lui-même », et donc que les mobiles qui le poussent à agir puissent être révélés à l’instance. C’est là méconnaître dans des proportions inquiétantes le rapport entre les actions et les raisons de celles-ci », estime V Lorius qui évoque « l’acrasie » décrite par Aristote. « Les conseils, en refusant d’envisager que les élèves ne soient pas irrationnels ou illogiques lorsqu’ils ne parviennent pas à mettre en adéquation leurs engagements et leurs actes, créent un obstacle majeur à la prise en compte de leur parole. Les entendre nécessiterait de renoncer à la « charité interprétative » que mobilisent spontanément les adultes de manière à toujours tenter de trouver un lien entre les déclarations et comportements de leurs élèves ». Ainsi se fabrique « le hérisson »…

Dans Recherches en éducation n°39