Print Friendly, PDF & Email

A force de traiter les enseignants grévistes de « radicalisés » ça devait arriver : le 22 janvier, la manifestation très pacifique des professeurs des écoles contre les évaluations de CP et CE1 a été nassée par la police. Pour cette 3ème édition, les enseignants ne résistent plus frontalement aux évaluations. Mais beaucoup n’en voient pas l’utilité et certains s’interrogent sur leurs finalités.

A l’appel de plusieurs syndicats franciliens, Snuipp, Cgt, FO, Sud, une centaine d’enseignants a manifesté son opposition aux évaluations de CP et CE1. Les carnets d’évaluation ont volé, transformés en confettis ou planeurs. Le caractère bon enfant de cette manifestation d’enseignants n’a pas empêché l’arrivée de la police qui a encerclé et enfermé la manifestation sur une place pendant un moment.

« Les évaluations ne sont pas adaptées aux élèves », nous a dit Anne Laure, professeure des écoles en CP à Asnières. « On a l’impression que le ministère manipule le curseur pour faire en sorte d’avoir le taux d’échec ou de réussite qu’il veut. Par exemple on demande aux enfants de lire 50 mots et on décide que le résultat est bon s’ils en lisent 20 ». Anne-Laure trouve aussi les exercices inadaptés aux élèves. « Par exemple lire « il n’est pas seul » ou « il la porte » et l’associer à une image c’est compliqué pour un CP ». La dernière phrase comporte un mot ambigu et un pronom personnel. « On a l’habitude d’évaluer les élèves sans évaluation nationale », rappelle t-elle.

« On a peur que ces évaluations servent surtout à évaluer les enseignants et à catégoriser les écoles », dit-elle. Une peur qui n’est pas irréaliste. C’est à cela que servent les évaluations dans les pays qui ont basculé dans le New Public Management. Et c’est aussi cet objectif qui avait été donné par N Sarkozy aux évaluations qui seront mises en place par JM Blanquer avant 2012.

Fabienne travaille dans une autre école d’Asnières, en Rep. « Les consignes de passage des évaluations mettent les élèves en difficulté », nous dit-elle. « En principe elles doivent tenir sur un temps précis, sans aide et on passe la consigne avec des phrases définies… Sauf qu’on est des profs et qu’on ne va pas pousser les élèves à échouer. Alors on aménage les temps et les consignes. Les résultats des évaluations sont forcément faussés dès le départ ». Fabienne déplore le fait que les enseignants ne corrigent pas les évaluations. « On est dépossédé de la correction et de la suite. On nous demande une remédiation avec de mêmes exercices pour les élèves. Sauf que ce n’est pas comme cela qu’ils apprennent. Dans les cours on fit des liens avec ce qui a été appris avant et c’est comme cela qu’ils apprennent en avançant ». Pour elle la remédiation des évaluations Blanquer, ce n’est pas efficace.

François Jarraud

Les évaluations et Sarkozy

C Maroy : qu’est ce que le nouveau métier enseignant ?

Evaluations : un rapport de l’inspection