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Alors qu’avec le 49.3, l’avenir professionnel des enseignants s’est sérieusement obscurci, le ministère devrait lancer le 3 ou le 4 mars sa « consultation » des enseignants. Officiellement il s’agit, en 42 questions, d’évaluer la satisfaction professionnelle des enseignants et de cerner leurs attentes. Sans doute s’agit-il aussi de mettre la politique ministérielle à l’honneur lors du colloque que le ministère veut organiser fin mars. Reste que beaucoup de questions ont déjà des réponses et que d’autres cherchent à valider le « nouveau métier » voulu par JM Blanquer. Et que la loi retraites rend inepte ce genre de consultation.

Une enquête peu utile

La consultation est un vieux classique du ministère de l’éducation nationale. Il y en a eu sur tout : le socle, les programmes, à chaque changement, le temps scolaire etc. Et les enseignants savent ce qu’il en sort…

Là il s’agit avec 42 questions de faire le tour du métier et des attentes des enseignants. La consultation ministérielle demande aux enseignants de qualifier leur métier, de citer leurs sources de satisfaction ou de déception, de s’exprimer sur l’évolution de leurs conditions de travail, de préciser l’utilisation de leur temps de travail, de dire sur qui ils peuvent s’appuyer et ce qu’ils pensent de leur formation.

A vrai dire on a déjà des enquêtes beaucoup plus sérieuses sur ces questions. On sait par exemple, avec l’enquête Talis, que les enseignants sont très demandeurs de formation mais qu’ils ont beaucoup moins que leurs collègues des autres pays de l’Ocde la formation qu’ils attendent. On sait qu’ils ont par mi ceux qui jugent leur système de promotion peu justifié. ON sait par l’Insee et la Depp à quoi ils passent leur temps de travail. On sait même par le Baromètre Unsa ce qu’ils pensent de leur métier et qu’ils ne le conseilleraient pas à leurs enfants.

Des questions biaisées

Alors évidemment le ministère tente de glisser dans la consultation ses objectifs. « Seriez vous disposé à effectuer des formations pendant les petits vacances scolaires si vous obteniez une prime » demande la question 31. La loi Blanquer a rendu la formation obligatoire et un décret d’application prévoit que le ministère puisse imposer une semaine de formation sur les congés. Des crédits sont prévus au budget 2020 pour 50 à 100 000 enseignants. En principe ils auraient déjà du être informés de leur convocation.

D’autres questions sont biaisées. Sur les ressources dont disposent les enseignants, le questionnaire « oublie » d’évaluer si les ressources humaines (rased, conseillers pédagogiques etc.) sont suffisantes. Partout il assimile directeurs d’école et hiérarchie…

« On balade les collègues »

Mais la vraie question c’est à quoi sert cette consultation ? « Elle est très en deca des ambitions annoncées », nous a dit Régis Metzger, co secrétaire général du Snuipp Fsu. « Par exemple pour l’évolution des conditions de travail on reste à un constat sans chercher à expliquer. La question 31 est évidemment biaisée ».

« Pour nous on balade les collègues », ajoute-il. « On n’aura aucun élément sur la revalorisation avant mai. On est dans le flou et même les scénarios ministériels pour 2021 ne sont pas chiffrés ». Ce n’est plus une consultation mais un outil de communication ministérielle ?

François Jarraud