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Curieusement la Cour des Comptes n’a pas eu l’idée de consulter les représentants enseignants à propos de son référé sur le lycée professionnel. Nous, si. Co secrétaire générale du Snuep Fsu, un syndicat de l’enseignement professionnel, Sigrid Girardin voit dans le référé de la Cour des Comptes « un rapport à charge contre les PLP et la voie professionnelle ». Elle donne son point de vue sur chaque argument du référé.

La Cour des comptes critique le faible taux d’insertion professionnelle des lycéens professionnels. Qu’en pensez-vous ?

C’est un diagnostic qu’on pourrait partager. Mais en réalité il faut regarder cela branche par branche. Certains enseignements tertiaires ont un taux d’insertion faible quand d’autres, en productique par exemple, excellent à placer les élèves. La comparaison avec l’apprentissage est biaisée. D’abord parce que les apprentis sont des jeunes sélectionnés à la différence des lycéens professionnels. Ensuite parce que le taux de décrochage en apprentissage est nettement plus élevé qu’en LP (28% contre 12%).

La Cour estime que l’offre actuelle de formations est trop statique avec des filières périmées.

Le choix des régions et de l’Etat depuis 15 ans c’est l’adéquationisme. C’est d’ailleurs ce que souhaite aussi la Cour. Il faudrait pouvoir avoir des perspectives plus lointaines sur les métiers d’avenir, ceux liés à l’écologie par exemple, et tenir compte des besoins de la société. L’Etat devrait garder un rôle de régulateur des ouvertures et des fermetures de filières.

La Cour critique le coût des lycéens professionnels, par exemple celui des dédoublements. Que lui répondez-vous ?

C’est vrai qu’un lycéen professionnel coûte 15% de plus qu’un lycéen général. Mais il fait des études plus courtes et son parcours global revient moins cher qu’un lycéen général. Je ne partage pas du tout la condamnation des dédoublements de classes par la Cour. Il faut regarder la réalité. Les difficultés que l’on a avec nos classes. Les PLP en tertiaire qui ont 34 élèves par classe auraient des choses à dire à la Cour !

Il faut voir aussi que souvent les ateliers ne peuvent pas accueillir plus d’un demi-groupe pour des raisons de sécurité. Donc si on veut des classes plus grandes il va falloir construire.

La Cour recommande l’annualisation des services. Cela vous semble une bonne chose ?

C’est une vieille ritournelle. Il faut savoir qu’on n’est pas libéré sur les périodes où les élèves sont en stage. On utilise ce temps pour faire cours aux jeunes qui n’ont pas encore trouvé leur stage et pour leur en trouver un. On suit aussi les élèves qui sont en stage.

Sur la fermeture des petits lycées professionnels ?

Si on regroupe des lycées il va falloir aider les jeunes pour aller plus loin. Les lycéens professionnels ont déjà souvent des problèmes de mobilité. Quant à la bivalence c’est déjà la réalité pour les PLP. On voit bien que l’objectif c’est de l’imposer aux certifiés des collèges. Fusionner les deux corps n’arrangerait en rien les mutations des enseignants car les mutations se font par discipline.

Ce référé, en fait, est un rapport à charge contre les PLP et la voie professionnelle. I va conforter le ministre qui déjà méprise les PLP.

Propos recueillis par F Jarraud