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Parler des indicateurs des lycées dans le contexte actuel où ils sont tous fermés fait vraiment bizarre. Mais il rouvriront et la question de leur réputation va se poser à nouveau. Alors connaissez-vous le lycée Louise Michel de Bobigny ? Ou le lycée Renoir de Bondy ? Non ? Ce sont pourtant parmi les meilleurs lycées de France selon le contre-palmarès du Café pédagogique. S’il est impossible d’enfermer la réalité du travail effectué dans les établissements dans des statistiques, il est possible d’utiliser les indicateurs de résultats des lycées publiés par le ministère de l’éducation nationale pour dévoiler des traces de ce travail. Encore faut-il vouloir les chercher. Parce qu’il y a plus de mérite à faire réussir les jeunes des quartiers populaire que de sélectionner parmi les bons élèves pour remplir ses terminales, le Café pédagogique exploite les statistiques ministérielles pour mettre en avant les lycées qui font vraiment réussir les jeunes qui ont besoin de l’éducation nationale. Et qui sont pourtant souvent si décriés.

Les indicateurs des lycées

Peut-on enfermer la réalité d’un établissement dans un fichier statistique ? Non. Et la publication des indicateurs des lycées par le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche qui met en concurrence les établissements est toujours source d’injustice et de découragements. Mais elle l’est encore davantage quand les médias les utilisent en ne s’intéressant qu’aux établissements qui affichent les taux de réussite les plus élevés sans observer le niveau de départ des candidats au bac, leur origine sociale et la façon dont les établissements constituent les classes.

Le ministère de l’Education nationale publie pourtant trois indicateurs qui évaluent non seulement la réussite au bac mais aussi la capacité des lycées à accompagner le maximum d’élèves jusqu’au diplôme. Quatre indicateurs sont fournis par le ministère pour chaque filière : le taux de réussite au bac (% de bacheliers parmi les élèves), le taux attendu en fonction de la composition sociale des élèves, le taux d’accès au bac c’est à dire le pourcentage des élèves de 2de et de 1ère qui obtiennent le bac en restant dans l’établissement et enfin le taux attendu de mentions, ce qui permet de voir quels lycées poussent le plus haut leurs élèves. . Avec la proportion de bacheliers parmi les élèves qui quittent l’établissement, ils permettent de dresser un portrait des établissements et non un classement.

Les choix du Café

Tous les médias publient ce matin leur propre classement des lycées. A vrai dire, on sait à l’avance les choix qu’ils feront. Le Café pédagogique fait aussi ses choix à partir des mêmes données ministérielles. Nous faisons ressortir les lycées qui font le plus progresser les élèves. Concrètement nous éliminons d’abord les lycées qui présentent peu de candidats de façon à assurer l’égalité entre eux. Nous utilisons d’abord le taux d’accès de la première au bac. Environ la moitié des lycées ont un taux d’accès inférieur au taux attendu, autrement dit ils sélectionnent les élèves qu’ils envoient au bac. Combien de lycées réputés ne doivent leur taux de réussite qu’à ce tri ultime qui permet de ne pas prendre de risque ? Ceux là sont mis à l’écart. Nous travaillons ensuite la plus value apportée par l’établissement c’est à dire l’écart entre le pourcentage d’élèves qui a eu le bac et le pourcentage « attendu » compte tenu de l’origine sociale des élèves et faisons ressortir ceux qui ont les meilleurs.taux. Ensuite seulement nous utilisons le taux de mentions.

Ainsi Louise Michel à Bobigny est en tête de notre classement aussi bien pour la série S (4ème), ES (6ème), L (4ème) que STMG (18ème) avec des taux de réussite au bac très supérieurs à ce qu’ils devraient être (les taux moyens des lycées . ayant la même composition sociale) : une vingtaine de points au dessus en S et ES par exemple. Renoir à Bondy réussit un peu moins bien en S mais aussi bien en ES et L. Le point fort de Renoir c’est qu’il a d’excellents résultats en STMG et qu’ils tirent ces élèves, pourtant souvent éloignés de la réussite scolaire, vers l’excellence avec un taux de mentions impressionnant. Voilà deux excellents établissements qui poussent réellement leurs élèves vers le haut.

Pourquoi participer au classement des lycées ?

Malheureusement, bien loins de fournir une vision complexe des établissements, les indicateurs sont utilisés par les médias pour flatter les représentations de leur lectorat. A partir des mêmes données objectives, on obtient des classements extrêmement différents qui renvoient aux orientations des médias. La tendance générale est à mettre en avant les lycées d’élite, ceux que les familles favorisées doivent connaitre pour favoriser la carrière scolaire de leurs enfants et favoriser l’entre soi , même si leur taux de réussite est inférieur ou égal au taux attendu et leur taux d’accès négatif.

La publication des indicateurs légitime ainsi la grande tendance qui se profile dans le système éducatif. De plus en plus le choix de l’établissement importe davantage que les filières qu’il prépare.. On assiste ainsi à la constitution de parcours d’initiés qui commencent de plus en plus tôt. Pour entrer dans une bonne CPGE il vaut mieux être lycéen dans l’établissement de la CPGE.

Au Café pédagogique, nous sommes tout à fait conscients que ces indicateurs sont utilisés pour mettre en concurrence les lycées. On nous opposera que ces publications sont supérieures à la rumeur. Mais pour nous, leur utilisation vise trop souvent à appuyer les rumeurs. Pour sen convaincre on pourra comparer les différents titres publiés ce matin avec le classement du Café pédagogique !

Nous assumons que notre classement soit subjectif ; C’est le cas de tous les classements des lycées, même s’ils s’abritent derrière des données officielles.

François Jarraud

Les indicateurs des lycées sur le site du ministère

Les 100 meilleurs lycées en série L

Les 100 meilleurs lycées en série ES

Les 100 meilleurs lycées en série S

Les 100 meilleurs lycées en série STMG