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Peut on sauver le système éducatif public contre son ministre ?  » Il faut cesser de tenir médiatiquement et dans les instructions transmises un discours de continuité pédagogique qui induit l’idée de progressions, d’assimilation de notions nouvelles. » C’est très frontalement que l’intersyndicale de l’enseignement, regroupant tous les syndicats enseignants et les parents de la Fcpe, dénonce la communication ministérielle. Elle souligne la croissance des inégalités sociales portée par le discours de JM Blanquer.

« Continuer à marteler qu’il faut faire de la remise à niveau à distance pour certains élèves, c’est entretenir l’idée que l’objectif reste d’avancer vers l’acquisition de nouvelles notions sans qu’il n’y ait de freins importants voire insurmontables par certains. Des élèves ont des difficultés qui ne peuvent être dépassées que par un accompagnement spécifique et en présentiel sur du long terme, d’autres n’ont pas les conditions matérielles et enfin des familles sont plongées dans les plus grandes difficultés pour soutenir leurs enfants. Certaines ne le peuvent pas par manque de connaissances, de matériel, d’espace ou de disponibilité. Ce faisant, vous demandez aux parents d’endosser un rôle qui n’est pas le leur », écrivent ensemble la CGT, FO, la FSU, le Sgen Cfdt, le Snalc, FAEN, Sud, l’Unsa et la Fcpe.

« Vouloir à tout prix enseigner de nouvelles notions durant la période de confinement va inévitablement aggraver les inégalités scolaires, entre les élèves qui auront été dans des conditions matérielles propices aux apprentissages et les autres. Dans ce sens, il ne doit pas y avoir de prise en compte d’évaluations qui auraient eu lieu pendant la période de confinement, ni au retour de celle-ci sur ce qui aurait été étudié dans cette période », ajoute l’intersyndicale.

« Il est donc nécessaire que vous affirmiez clairement aux enseignant-es comme aux familles, que les vacances scolaires doivent être un temps de repos et de coupure. Faisons confiance aux équipes pour maintenir le lien éducatif avec leurs élèves et les familles. C’est ce message que nos organisations portent ensemble aujourd’hui. C’est ce message que nous vous demandons d’adresser rapidement à l’ensemble de la communauté éducative. »

La crise sanitaire pousse les logiques de chaque établissement à son maximum. Quand certains enseignants s’efforcent de perdre le moins d’élèves possibles, d’autres avancent dans le programme comme avant. Les inégalités entre établissements existaient avant la crise mais celle-ci pousse à leur développement sans que le ministère donne des consignes claires à la différence par exemple de la Belgique francophone. Au final le ministre réduit ainsi ses possibilités d’action lors de la reprise au seul bénéfice des plus privilégiés.

La lettre du 1er avril